Le potentiel hydraulique fribourgeois est presque épuisé

Le développement de l'hydraulique à Fribourg est limité. Il faudra, à l'avenir, se concentrer sur d'autres énergies renouvelables.

70% de l'électricité indigène fribourgeoise provient de la force hydraulique. © KEYSTONE

Le potentiel de développement de l'énergie hydraulique dans le canton de Fribourg atteint ses limites, révèle une étude menée par le cabinet E-CUBE. L'essor d'autres énergies renouvelables sera indispensable pour atteindre les objectifs stratégiques de 2035, surtout en hiver, note le Conseil d'État ce jeudi dans un communiqué.

"Le résultat ne constitue pas une surprise", a admis le conseiller d'État Olivier Curty, en charge de l'économie. "L'eau est une ressource hyperprécieuse, disponible et stockable. Elle est complémentaire aux autres énergies renouvelables", a-t-il précisé, en rappelant que l'approvisionnement restait une préoccupation.

À l'heure actuelle, 70% de l'électricité indigène fribourgeoise provient de la force hydraulique, avec une production de 626 GWh/an. Mais cette production exploite déjà plus de 90% de son potentiel. L'étude a examiné diverses options pour accroître la production, notamment de nouveaux aménagements possibles, le pompage-turbinage et le rehaussement des barrages.

Un seul projet d'envergure

Parmi une trentaine de projets de nouveaux aménagements évalués, seul le turbinage de la Centrale déviatrice de Schiffenen-Morat (SCHEM) se démarque avec un apport annuel net significatif de 103 GWh, dont 49 GWh en hiver.

Les autres projets, du domaine de petite et de mini-hydraulique, sont de moindre envergure. Difficilement réalisables, ils ne représentent qu'un gain potentiel de 38 GWh par an.

Des options limitées

Quant à la question du pompage-turbinage, il ne serait pas adapté à la configuration géographique du canton, avance l'étude. Le pompage-turbinage implique des variations importantes du niveau d’eau et entraîne l’inondation des berges, qui sont habitées et présentent des activités de loisirs.

Un problème d'ailleurs similaire émerge pour le rehaussement des barrages, continue l'étude. Cette option n'offre non seulement pas de potentiel de stockage énergétique suffisant, mais elle pose surtout de sérieux problèmes au niveau de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Des habitations, des routes, des STEP et des zones naturelles sensibles seraient submergées.

Vers un mix énergétique diversifié

Malgré ces limitations, l'objectif cantonal de production hydroélectrique de 800 GWh d'ici 2035 semble atteignable, rassure le canton, notamment grâce au projet SCHEM.

Mais le déficit de production en hiver ne serait toutefois pas comblé. "Pour assurer un approvisionnement tout au long de l’année, la transition énergétique devra également passer par le développement rapide de nouvelles capacités dans le domaine du solaire et du vent", conclut le communiqué de l'État.

Frapp - Mattia Pillonel
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