Le prix des loyers ne baisse pas dans le canton de Fribourg

Et ce, malgré un taux de vacances élevé dans les villes de Fribourg et de Bulle, dénonce l'ASLOCA.

Dans le canton de Fribourg, 55% des habitants sont des locataires. © KEYSTONE

Le prix des loyers continue de prendre l'ascenseur en Suisse. Selon les chiffres compilés par la plate-forme immobilière Homegate et rendus publics ce mardi, les loyers ont augmenté de 2,8% en 2022, par rapport à 2021. Raison de cette hausse, selon cette plateforme: une pénurie croissante sur le marché du logement et l'augmentation des frais de chauffage et de charges.

Mais ça reste une moyenne: dans certaines régions, comme les Grisons ou Lugano, la hausse est quasiment deux fois plus importante, tandis qu'ailleurs, la situation sur le marché de l'immobilier est plus détendue. C'est le cas par exemple dans le canton de Fribourg.

Des logements vacants à Bulle et Fribourg

Toujours selon Homegate, la hausse a été modérée cette année dans notre canton, elle s'élève à 0,8%, sur un an. Des chiffres qui vont dans le même sens que ceux récoltés par l'Observatoire du logement et de l'immobilier du canton de Fribourg. Cette structure évoque une stagnation des loyers, avec une variation de moins d'1%, selon les régions et le type de biens choisis. Mais elle n'inclut pas les charges dans ses calculs. Charges qui ont pris l'ascenseur ces derniers mois.

Là encore, des disparités existent selon les différentes régions de notre canton. "Dans les régions touristiques, comme à Morat, ou dans le sud du canton, du côté de Châtel-Saint-Denis, les prix ont tendance à être un peu plus élevés, car il y a moins de logements vacants sur le marché", explique ainsi Gilberte Schär, présidente de l'Union suisse des professionnels de l'immobilier, section Fribourg.

Alors que dans les villes de Fribourg et de Bulle, le taux de vacance est plus important, il se situe entre 3,5% et 4%. Cela empêche les prix de prendre l'ascenseur, selon Gilberte Schär. "S'il y a trop d'appartements vacants sur le marché, cela signifie que les propriétaires doivent faire stagner les prix, voire les baisser, mais en tout cas ça les dissuade de les augmenter, sinon ils n'arrivent pas à louer les logements."

Mais attention à ne pas se réjouir trop vite, alerte de son côté l'Association suisse de défense des locataires (ASLOCA), qui regrette que dans les conditions actuelles, favorables dans le canton de Fribourg, le prix des loyers ne diminue pas sensiblement.

"Actuellement, le taux hypothécaire de référence est historiquement bas et il y a plus de 1000 logements vides sur le marché. Et malgré cela, les loyers ne baissent pas: ils stagnent, ou ils montent légèrement!", s'insurge le président de l'ASLOCA Fribourg, Pierre Mauron. "Imaginez comment les loyers vont réagir dès qu'il y aura moins d'appartements disponibles, la hausse sera spectaculaire."

Alors pourquoi les loyers ne baissent-ils pas? Parmi les facteurs qui expliquent ce phénomène, Pierre Mauron en cite un en particulier: "Il y a de plus en plus de propriétaires institutionnels, des fonds de pension ou des assurances. Ceux-ci ont de l'argent placé sur des comptes où les intérêts sont négatifs. Ils ont intérêt à investir dans l'immobilier. Et même si ces immeubles ne sont remplis qu'à 20 ou 30%, l'argent investi leur rapportera plus que l'argent placé à la banque."



L'association de défense des locataires rappelle que depuis 2005, les loyers ont augmenté de plus de 22 % en moyenne en Suisse. Parfois la hausse est plus spectaculaire. A Bulle par exemple, selon l'ASLOCA, il y a 20 ans un 3,5 pièces ou 4,5 pièces pouvait être loué entre 800 et 1000 francs par mois... contre 1600 à 1800 francs aujourd'hui.

RadioFr. - Maëlle Robert
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