"La situation des femmes en Afghanistan est horrible"

Afghane d'origine installée à Marly, Shamin Raoussi s'inquiète pour sa nièce de 19 ans qui vit sous le régime taliban, à Kaboul.

"Ce que vit le peuple ukrainien, c'est horrible et ça fait mal au cœur. Mais, il ne faut pas oublier, non plus, les souffrances des femmes afghanes" © RadioFr.

Au pouvoir depuis plus de neuf mois en Afghanistan, le régime des talibans réduit chaque jour un peu plus les droits des femmes. Malgré une série de promesses d'ouverture et de tolérance, ils ont vite réimposé une série de restrictions à la société civile, dont une grande partie vise à soumettre les femmes à leur conception intégriste de l’islam. Depuis, fin mars, par exemple, les collèges et lycées pour les filles ont fermé leurs portes.

A 7000 kilomètres de là, Shamin Raoussi prend comme chaque jour, par téléphone, des nouvelles de son frère qui vit avec ses six enfants dans la capitale Kaboul. Installée dans le canton de Fribourg depuis 30 ans, cette Afghane d'origine, qui tient un salon de coiffure à Marly, s'inquiète surtout beaucoup pour sa nièce de 19 ans qui étudie le journalisme à l'Université. "Les femmes n'ont plus le droit de sortir seule de chez elles, même pour aller dans un magasin à moins de 2 kilomètres de leur maison", souffle Shamin Raoussi. "Même monter dans un taxi seule, ce n'est plus possible." Sa nièce doit être constamment accompagnée par son père pour se rendre en cours trois fois par semaine.

Violences physiques

Depuis le début du mois de mai, les talibans ont réintroduit la burqa pour les femmes. Le port de ce voile intégral était déjà imposé en public lors de leur règne entre 1996 et 2001. Auparavant, seul un foulard couvrant les cheveux suffisait. "Pour aller à l'Université, je dois désormais me cacher les yeux avec des lunettes de soleil", lance, au bout du fil, la nièce de Shamin Raoussi.

Si ces injonctions ne sont pas respectées, les conséquences peuvent être brutales. Les femmes redoutent que les talibans usent de la violence pour arriver à leurs fins. "C'est déjà le cas", affirme la nièce de Shamin Raoussi. "Ils frappent des femmes avec un fouet et ensuite ils menacent la famille de représailles plus lourdes en cas de récidive. Des amies en ont déjà fait les frais."

Si la guerre en Ukraine a capté toute l’attention, Shamin Raoussi appelle à ne pas occulter pour autant les souffrances endurées aussi au quotidien dans son pays d’origine. "Ce que vit le peuple ukrainien, c'est horrible et ça fait mal au cœur. Mais vraiment, il ne faut pas oublier non plus ce qui se déroule actuellement en Afghanistan, avec toutes ces femmes qui souffrent, c'est intenable de voir ça en 2022. Cela mériterait aussi un geste de solidarité."

RadioFr. - Mehdi Piccand
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