Le ton monte entre l'Inde et le Pakistan

Suspension des visas, expulsions et fermeture de frontières: la tension monte ce jeudi entre l'Inde et le Pakistan après l'attentat au Cachemire indien.

De nombreux experts anticipent déjà une riposte militaire de New Delhi, comme ce fut le cas en 2019. © KEYSTONE/AP/Prabhjot Gill

Dans une brusque escalade, les autorités indiennes et pakistanaises ont annoncé que les ressortissants de leur voisin et rival étaient priés de quitter leur territoire à brève échéance.

Sans mettre formellement en cause le Pakistan, le Premier ministre indien Narendra a durci son discours en promettant de traquer "jusqu'au bout de la terre" les auteurs de l'attaque et leurs complices.

Mardi, au moins trois tireurs, selon la police indienne, ont ouvert le feu sur des touristes dans la ville de Pahalgam, dans les contreforts de l'Himalaya, tuant 25 Indiens et un Népalais.

Cette attaque est la plus meurtrière visant des civils menée depuis 2000 dans ce territoire indien à majorité musulmane. Le Pakistan a nié toute responsabilité dans l'attentat.

Représailles

Dès mercredi pourtant, le gouvernement ultranationaliste hindou de New Delhi a ouvert le bal des sanctions en dévoilant une première série de représailles diplomatiques contre Islamabad.

Entre autres mesures largement symboliques, la suspension d'un traité sur le partage des eaux du fleuve Indus, la fermeture de principal poste-frontière terrestre entre les deux pays et le rappel de nombreux diplomates.

Jeudi, le ministère indien des Affaires étrangères a annoncé la "suspension à effet immédiat" de la délivrance des visas aux Pakistanais et l'annulation de tous ceux en cours d'ici au 29 avril.

"Tous les citoyens pakistanais actuellement en Inde doivent quitter l'Inde" d'ici là, a-t-il ajouté.

"Acte de guerre"

A l'issue d'une rare réunion de son Comité de la sécurité nationale, le Pakistan a riposté aussitôt en annonçant l'expulsion de diplomates et la suspension des visas indiens, ainsi que la fermeture de sa frontière et de son espace aérien.

Promettant des "mesures fermes" contre toute "menace indienne", Islamabad a également averti que toute tentative par son voisin de réduire son approvisionnement en eau de l'Indus serait considérée comme un "acte de guerre".

Pour sa première réaction publique à l'attaque dans le Cachemire, le chef du gouvernement indien n'avait pas mâché ses mots: "Je le dis au monde entier: l'Inde identifiera, poursuivra et punira les terroristes et ceux qui les soutiennent. Nous les poursuivrons jusqu'au bout de la terre".

De nombreux experts anticipent déjà une riposte militaire de New Delhi, comme ce fut le cas en 2019 après une attaque meurtrière qui avait visé un convoi de militaires indiens. "Cette attaque va faire revenir les relations entre les deux pays à leurs heures les plus sombres", a anticipé pour l'AFP l'analyste Praveen Donthi, de l'International Crisis Group (ICG).

La fusillade de Pahalgam n'avait toujours pas été revendiquée jeudi à la mi-journée.

Menaces et harcèlement

La police a diffusé les portraits-robot de trois suspects, dont deux ressortissants pakistanais, les présentant comme membres du groupe Lashkar-e-Taibad (LeT), basé au Pakistan.

Ce groupe islamiste est soupçonné des attaques djihadistes qui ont visé la mégapole indienne de Bombay en novembre 2008, faisant 166 morts.

La police a également offert une récompense de deux millions de roupies (plus de 18'000 francs) pour toute information permettant leur capture.

Le Cachemire a été partagé entre l'Inde et le Pakistan en 1947, lorsque ces deux pays ont accédé à l'indépendance. Ils continuent depuis à réclamer la souveraineté de l'ensemble du territoire. Depuis 1989, les combats entre l'insurrection séparatiste et les troupes indiennes ont fait des dizaines de milliers de morts dans la région.

ATS
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