L'économie suisse à la peine
La Suisse ne devrait pas échapper au ralentissement économique mondial qui met à mal son industrie exportatrice.
Une immigration soutenue et un marché du travail toujours quasiment à sec devraient néanmoins soutenir l'important secteur de la consommation, alors que l'inflation reste à surveiller.
Les économistes de Credit Suisse ont abaissé leurs prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) à +0,7% cette année, contre +0,9% dans leurs précédentes estimations, selon l'étude Moniteur Suisse publiée mardi. Pour 2024, ils anticipent une accélération de 0,9%, après +1,3% attendus jusqu'à présent.
Parmi les principaux contributeurs à l'économie helvétique, les dépenses des ménages devraient augmenter de 2,2% en 2023 et de 1,3% la suivante, tandis que les exportations devraient croître de respectivement 3,5% et 4,0%.
"Le ralentissement économique mondial a aussi atteint la Suisse", ont souligné les économistes, rappelant qu'après avoir encore crû de 0,9% au premier trimestre, le PIB a marqué le pas au second partiel.
L'Allemagne, principal partenaire économique de la Suisse, devrait tomber en récession cette année, la Commission européenne tablant sur un recul du PIB de 0,4% pour la première économie de la zone euro, ce qui devrait affecter les exportateurs suisses.
Les perspectives pour le secteur industriel demeurent donc sombres, les volumes de production reculant et la baisse des carnets de commandes ne permet pas d'anticiper un rebond rapide. Quant à la demande étrangère, elle devrait également reculer ces prochains mois. Cette branche fait par ailleurs face à une réduction des stocks chez les clients, qui les avaient auparavant garni pour se protéger des problèmes d'approvisionnement.
Vers une dernière hausse des taux
Côté inflation, les spécialistes anticipent une accélération des prix à la consommation de 2,2% cette année, soit encore légèrement au dessus du couloir de 0% à 2% visé par la Banque nationale suisse (BNS). En 2024, elle est attendue à 1,7%.
Malgré une hausse des prix de seulement 1,6% en août, "les risques liés à l'inflation ne sont pas encore entièrement écartés", ont averti les économistes. A court terme, l'inflation pourrait repasser à la hausse la barre des 2% en novembre et décembre, notamment en raison de la progression des loyers.
Face à cette situation, la BNS devrait relever une dernière fois son taux directeur le 21 septembre, pour le porter de 1,75% à 2,0%, avant de marquer une pause. Un éventuel relâchement monétaire n'est pas attendu avant le second semestre 2024.