L'enseignement face à Chat GPT

Depuis novembre, l'intelligence artificielle questionne beaucoup, notamment au sein des universités. Point de situation à Fribourg.

Chat GPT fascine les enseignants, mais pose un certains nombre de défis. © KEYSTONE

Beaucoup de questions, peu de réponses et une quasi certitude. L'arrivée de Chat GPT, ce programme informatique capable de rédiger une lettre de motivation ou un travail de bachelor, bouleverse l'enseignement.

Comment l'introduire dans les cours? Comment l'utiliser à bon escient? Voilà pour les questions. La principale réponse des établissements: "Des réflexions sont en cours". Il faut dire que Chat GPT a débarqué dans nos vies il y a à peine 3 mois. L'Université de Fribourg, les collèges ont donc besoin d'un peu de temps pour s'adapter.

Une certaine fascination

Dans le canton de Fribourg, on observe avec attention ce programme à tous les niveaux de l'enseignement. A l’école primaire et au CO, la question est moins brûlante, car les travaux à écrire à la maison ne sont que très peu courants.

Par contre au collège, avec les travaux de maturité, l’utilisation de Chat GPT devient une vraie thématique. Un programme que Matthias Wider, recteur du collège St-Michel de Fribourg observe avec une certaine fascination: "C'est un outil très performant qui peut nous surprendre et qui fait des miracles. Je suis fasciné par ce que nous offre la technique."

A la question de savoir si des élèves l'on déjà employé pour écrire des travaux, Matthias Wider dit ne pas être naïf : "Il ne faut pas être un prophète pour savoir que nos élèves ont en entendu parler. Certains professeurs font de Chat GPT un sujet de discussion en cours. On n'en fait pas un secret, au contraire même, il faut en parler."

Développer l'esprit critique

L'Université de Fribourg aussi tente d’intégrer Chat GPT à son enseignement et à ses recherches. C’est aussi l’occasion de rappeler une posture importante pour Bernard Ries, vice recteur de l’UNIFR: "Les chercheurs et les étudiants doivent développer leur esprit critique." Car avant Chat GPT, il y a eu internet ou Wikipédia, et là aussi il faut toujours être critique sur ce qu'on y trouve.

"C'est un outil qui va permettre aux étudiants, mais aussi aux professeurs et aux chercheurs de tricher. Mais il ne faut pas penser que c'est parce que cet outil existe que tout le monde va l'employer pour tricher", tempère Bernard Ries.

Car tricher en demandant à quelqu'un d'autre d'écrire un travail pour soi n'est pas nouveau. Bernard Ries s'en remet au corps professoral: "C'est à nous de trouver une façon d'évaluer les étudiants et de nous assurer qu'il n'y a pas de tricherie." Et de donner un exemple: en supplément d'un travail écrit, interroger l'étudiant sur ce travail.

Et le plagiat dans tout ça? Un travail écrit par Chat GPT passe-t-il sous les radars des outils de contrôle actuels? L'Université de Fribourg dit se préparer: elle collabore actuellement avec des développeurs d'outils anti-plagiat. "Cela nous demande un peu de temps, Chat GPT a débarqué fin novembre seulement. Pour le moment, on ne pas signalé de cas de triches avec ce programme", explique Bernard Ries.

La quasi-certitude : pas d'interdiction

Chat GPT est un phénomène mondial. Certains pays ont décidé de le bannir des universités. En France par exemple,  l'Institut d'études politiques de Paris a annoncé l'interdiction de l'utilisation de ChatGPT.

Ce choix sonne comme un non sens à l’Université de Fribourg et au collège St-Michel. "On ne peut pas l'exclure de l'école et faire comme si cela n'existait pas. L'école n'est pas sous une cloche, hors du reste de la société. Mais il faut réfléchir à des méthodes pour y faire face. Nous ne pouvons pas aller contre, il faut l'intégrer à l'école. Bien sûr, nous aurons beaucoup de travail", concède enfin Mattias Wider.

 

RadioFr. - Vincent Dousse
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