Lait bio: les producteurs mieux rémunérés

Une hausse de 4 à 5 centimes par litre qui réjouit Bio Fribourg. Pour la faîtière, les normes plus strictes auront des effets positifs.

Le nouveau cahier des charges oblige notamment les agriculteurs à nourrir le bétail avec du fourrage biologique 100% suisse. © KEYSTONE

A partir de février, les producteurs suisses de lait biologique recevront 4 à 5 centimes de plus par litre de lait - 4 centimes pour le lait destiné à l'industrie du lait et 5 centimes pour le lait destiné au fromage. Un accord vient d'être trouvé entre les principales organisations de producteurs et des acheteurs.

"C'est une bonne nouvelle mais c'est logique: cela permettra de compenser la hausse des coûts de production engendrée par un cahier des charges plus strict qui est entré en vigueur le 1er janvier dernier", se réjouit Guido Flammer, président de Bio Fribourg et lui-même agriculteur à Cugy.

Meilleur pour la planète

Désormais, les agriculteurs biologiques doivent en effet nourrir leurs vaches, leurs chèvres ou leurs moutons, avec du fourrage biologique suisse uniquement. Ils ne peuvent plus en importer de l'étranger. De plus, la part d'aliments concentrés comme les tourteaux de soja ne doit pas dépasser 5% de l'alimentation animale. On privilégie donc le fourrage suisse, quitte à faire grimper la facture pour les agriculteurs, mais pour des raisons bien précises.

Cela doit notamment permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre: en optant pour du fourrage produit dans notre pays, les transports sont réduits. "Cela veut aussi dire plus de transparence dans la filière, ajoute Guido Flammer. On achète parfois des produits bio à l'étranger, mais sans être totalement sûr que c'est bio. Avec ces nouvelles règles, on est certain qu'on a de la luzerne bio", la luzerne étant la principale plante utilisée pour le fourrage parce qu'elle est riche en protéines en particulier.

Pas de pénurie en vue

Reste qu'une question se pose: y aura-t-il suffisamment de fourrage suisse disponible? Il ne devrait pas y avoir de problème, répondent les professionnels du secteur. "Si un nouveau débouché rémunérateur se crée, cela va inciter les paysans à se mettre à cultiver de la luzerne pour répondre à la demande", avance Kurt Zimmermann, directeur de Progana, coopérative agricole qui défend les producteurs et transformateurs biologiques de Suisse romande. D'ailleurs, cette coopérative a anticipé: depuis deux ans, soutenue par le canton, elle a mis en réseau les producteurs et les acheteurs de luzerne.

Quant au prix du lait final, paiera-t-on plus cher en grande surface? C'est possible, mais rien n'est sûr pour le moment. On ne sait pas si les transformateurs répercuteront cette hausse de prix de 4 à 5 centimes par litre de lait sur les consommateurs.

RadioFr. - Maëlle Robert
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