"La commémoration est bienvenue en cette période incertaine"

La population était invitée à rendre hommage aux victimes ce vendredi à midi. L'évêque Charles Morerod revient sur cette initiative rare.

L'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg espère que la population pourra maintenir les liens de solidarité. © KEYSTONE

Mgr Morerod, quel sens donner à cette commémoration?

Le fait d'avoir une manifestation, notamment religieuse, de la mort d'autrui est l'un des plus anciens signes de présence humaine. Le sens qu'il existe quelque chose qui nous relie à ceux qui sont décédés est profondément humain. On tient à garder un lien, à se saluer. C'est aussi un signe de solidarité envers les familles. De cette manière, on est ensemble, mais à distance.

Comment avez-vous reçu l'appel de Guy Parmelin lancé dimanche?

C'était une surprise car je l'ai appris en même temps que tout le monde. Le délai pour s'organiser était court, mais nous avons soutenu cet appel et avons pu nous adapter, de manière spontanée, entre les trois Eglises nationales notamment. La commémoration se manifestera différemment selon les endroits: il n'y a pas d'unité parfaite. Par exemple, les cloches sonneront probablement plus longtemps du côté des églises réformées.

La commémoration a lieu alors que la crise est toujours en cours. N'est-ce pas maladroit?

Non, car le deuil des vivants est en cours. Le fait de leur montrer qu'ils ne sont pas seuls est une initiative bienvenue en cette période incertaine. Des hommages ont d'ailleurs déjà été organisés par la conférence des évêques. Nous prions aussi régulièrement pour les victimes du Covid-19 et les familles touchées et nous allons continuer de le faire. Le 29 mars prochain à 11h15, une messe sera célébrée à l'abbaye d'Einsiedeln (Schwytz) en mémoire aux personnes décédées.

Qu'espérez-vous que l'hommage d'aujourd'hui déclenche chez la population?

Un court moment de silence est souhaitable, mais, seul, il n'est pas suffisant. Cette minute suivie du son des cloches vont attirer l'attention, mais il faudrait ensuite qu'on continue d'être proches. On connaît probablement tous des personnes touchées de près ou de loin par la crise: demandons-nous si elles souffrent, prenons des nouvelles. Si l'initiative du Conseil fédéral peut donner des idées, c'est magnifique.

Quel chemin les Suisses ont-ils parcouru depuis un an?

Il y a eu une espèce de stupeur effrayée au début. On avait peur les uns des autres. Je crois qu'on n'en est plus là car nous avons apprivoisé les gestes barrières. Aujourd'hui, on est surtout fatigués et on aimerait que la vie reprenne. Une fois la crise terminée, j'espère que nous aurons appris quelque chose de cette période, et que nous pourrons maintenir les liens de solidarité construits durant cette année.

Frapp - Alexia Nichele
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