Qui pollue le plus dans le canton?

L'usine d'incinération Saidef et les groupes Cremo et Elsa sont les entreprises fribourgeoises qui émettent le plus de CO2. Enquête.

Si les usines polluent à plus grande échelle, une grande partie des émissions de CO2 des ménages provient des déchets alimentaires. © KEYSTONE

Avec plus de 112'000 tonnes de CO2 émises en une année, la Saidef est le plus gros émetteur de gaz à effet de serre du canton de Fribourg. Notre enquête, se basant sur les données du Registre suisse des rejets et des transferts de polluants, révèle qu'on trouve ensuite deux groupes laitiers: Cremo et Elsa.

Contacté, le président du conseil d'administration de la Saidef, Claude Gremion, explique que ces émissions de CO2 sont inhérentes à la mission de l'usine d'incinération. "Du moment qu'on brûle des déchets, le processus chimique fait qu'il y a des émissions de CO2 qui se dégagent dans l'atmosphère", indique-t'il. Il précise que les autres émanations, telles que celles de métaux lourds, de l’ammoniac ou du souffre, sont captées par des filtres.

Afin de réduire les émissions de CO2 de la Saidef, la solution est simple: produire moins de déchets et mieux trier et valoriser tout ce qui peut l’être. La Saidef récolte par exemple déjà les métaux dans les mâchefers, mais de gros efforts peuvent encore être réalisés tout au long de la filière. Selon des relevés de la Ville de Fribourg, dans un sac poubelle, un peu moins de la moitié des déchets sont des restes de nourriture. Ces déchets biogènes pourraient donc être valorisés plutôt qu'incinérés à plus de 950 degrés. La Saidef va d’ailleurs bientôt présenter le projet GASTROVert qui devrait permettre de récolter les déchets alimentaires afin qu'ils ne finissent pas à la poubelle.

En moyenne, chaque habitant du canton produit 372 kilos de déchets chaque année. Environ 150 kilos, les déchets ménagers et encombrants, finissent incinérés.

Autre piste pour limiter les émissions de gaz à effet de serre: les capter à la source. Il s'agit donc de technologies permettant de capturer puis de stocker le CO2 afin qu'il ne finisse pas dans l'atmosphère. Les usines d'incinération de Suisse se sont engagées dans cette voie, encore coûteuse aujourd'hui. Elles alimentent chaque année un fonds à hauteur de plus d'un million de francs pour financer les études préliminaires.

La première installation, pilote, sera installée d'ici 2030. Et d'ici 2050, toutes les usines devraient s’équiper d'un système de captage de CO2.

Cremo et Elsa: les entreprises les plus polluantes

Le groupe Cremo, basé à Villars-sur-Glâne, a émis plus de 8200 tonnes d'équivalents CO2 dans l’atmosphère en 2020. Contactée, l'entreprise n'a pas répondu à nos demandes.

Sur la troisième marche, on trouve un autre groupe actif dans l'industrie laitière: Elsa. L'entreprise, appartenant à Migros, a relâché plus de 5700 tonnes de gaz à effet de serre durant l'année 2020. Le porte-parole de la Migros, Tristan Cerf, explique que certaines activités sont plus gourmandes que d'autres et que la transformation de lait demande de grandes quantités de chaleur.

 La Migros souligne que des efforts ont permis de réduire les effets de gaz à effet de serre d’ELSA de 75% sur les 5 dernière années. Selon nos calculs, entre 2015 et 2020, le site d'Estavayer-le-Lac a effectivement réduit ses émissions de CO2 de 70%.

Le canton de Fribourg a pour objectif de réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.

RadioFr. - Loïc Schorderet / lp
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