Les femmes pour l'égalité salariale

Des centaines de milliers de femmes, selon l'Union syndicale suisse (USS), ont défilé mercredi dans toutes les grandes villes de Suisse pour faire valoir leurs droits à l'occasion de la grève féministe. L'égalité salariale figurait au coeur des revendications.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour la grève féministe mercredi dans toute la Suisse. Ici à Berne. © KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE

Dans un communiqué diffusé en début de soirée, l'USS a annoncé une participation de plus de 300'000 personnes. En 2019, la même organisation avait fait état d'une affluence d'un demi-million de personnes.

L'édition de cette année se distingue aussi sur un autre point: les femmes de droite, du PLR en particulier, et parfois du Centre, sont restées cette fois en retrait du mouvement, jugé trop partisan.

A Berne, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider (PS) a participé à la manifestation, mais pas Viola Amherd (Le Centre). Idem dans le canton de Vaud: tandis que cinq ministres femmes défilaient en 2019, elles n'étaient plus que deux en 2023, et aucune du PLR.

Les réserves de Christiane Brunner

Christiane Brunner, l'icône et l'initiatrice de la première Grève des femmes de 1991, est elle venue défiler à Lausanne. "C'est bien que le mouvement continue. Si on s'arrête, on recule", a-t-elle déclaré à Keystone-ATS.

Cette figure du féminisme suisse s'est associée à la mobilisation, même si elle n'approuve pas le changement de nom du mouvement qui ne s'appelle plus Grève des femmes. "J'ai initié la grève de 1991. A l'époque, c'était pour toutes les femmes. Aussi pour celles qui n'avaient pas de conscience féministe".

Pour sa part, le président de la Confédération Alain Berset a salué le passage de "l'indignation" en "action politique". Mercredi devant l'Organisation internationale du travail (OIT) à Genève, il a dit que la grève du jour montre "comment l'indignation" se change "en action politique".

A l'abordage!

A Lausanne, entre 25'000 personnes, selon la police, et 40'000, selon les organisatrices ont participé à la grève féministe à Lausanne. Au Sentier, 300 personnes, en majorité des femmes travaillant dans l'horlogerie, ont réclamé de meilleurs salaires.

Dans ce berceau historique de la Grève des femmes de 1991, là où l'ouvrière et syndicaliste Liliane Valceschini (1937-2019) a lancé l'idée avec Christiane Brunner, les travailleuses ont plaidé pour un meilleur accès aux responsabilités.

Si elle était sérieuse dans ses revendications, la journée était souvent gaie et ludique dans sa forme. Ainsi, un collectif féministe s'est symboliquement emparé d'un bastion masculin, le bateau historique de la Confrérie des Pirates d'Ouchy, classé monument historique.

A Genève, quelque 8500 personnes ont répondu à l'appel. Les quatre conseillères d'Etat genevoises nouvellement élues étaient visibles au pied de la scène.

Les différents groupes qui avaient organisé des actions dans la journée ont convergé en fin d'après-midi vers la Plaine de Plainpalais. Les représentantes de l'enseignement, du nettoyage, du commerce de détail ou encore de l'économie domestique ont notamment pris la parole.

Entreprise de nettoyage bloquée à Lucerne

En Suisse alémanique, 25 femmes ont bloqué l'entreprise lucernoise SOS Reinigung, avec les employées. Elles se sont mises en grève contre les temps de trajet non payés, les retards dans le paiement des salaires (parfois effectué en espèces), le mobbing et la discrimination.

Elles ont aussi réclamé l’égalité salariale entre hommes et femmes. Après cette action, l'entreprise a accepté de répondre aux revendications des grévistes et de signer un accord avec Unia, a fait savoir le syndicat.

A Neuchâtel, entre 6000 et 7000 personnes de tout le canton ont manifesté, selon Solenn Ochsner, membre du collectif de la Grève et secrétaire syndicale d'UNIA. Et pendant la journée entre 1000 et 1500 personnes se sont mobilisées dans différents lieux de travail et places publiques à Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.

A Fribourg, la grève féministe a connu son épicentre sur l'emblématique place Georges-Python, rebaptisée place Georgette-Pythonne le temps d'une journée: plus de 6000 personnes s'y sont rassemblées, contre 12'000 en 2019.

Dans le Jura, quelque 1500 personnes ont défilé dans les rues de Delémont. Après avoir occupé la Place de la gare, la foule arborant le violet a gagné les jardins du château pour écouter les discours et participer aux animations.

Une "Landsgemeinde féministe"

A Berne, près de 50'000 personnes sont descendues dans la rue pour exiger l'égalité salariale et revendiquer leurs droits, selon les organisatrices. Auparavant, elles ont tenu une "Landsgemeinde féministe" sur la Place fédérale. A Zurich, des dizaines de milliers de manifestantes ont réclamé l'égalité des droits pour tous.

Le 14 juin est consacré depuis quelques années à la grève des femmes. Cette date fait référence à la votation populaire du 14 juin 1981 qui a consacré l'égalité homme-femme dans la Constitution.

ATS
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