Un second tour entre Macron et Le Pen

Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affronteront le 24 avril au second tour de l'élection présidentielle française. Le président sortant part avec un avantage, sans certitude toutefois sur les réserves de voix après l'écroulement de LR et du PS.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont donnés vainqueurs du premier tour de la présidentielle par les sondages (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Comme en 2017, Marine Le Pen affrontera Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle. © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ
Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont voté au Touquet. © KEYSTONE/AP/Thibault Camus
Emmanuel Macron contre Marine Le Pen: le second tour de la présidentielle sera le remake de celui de 2017. © KEYSTONE/AP/Francois Mori
Comme en 2017, Marine Le Pen affrontera Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle. © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ
Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont voté au Touquet. © KEYSTONE/AP/Thibault Camus
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Le président sortant est crédité d'un meilleur score que prévu par les sondages. Il a obtenu entre 28% et 29% des suffrages selon les estimations, devant la candidate du Rassemblement national (RN), créditée de 23 à 24%. Le chef de la gauche radicale oscille entre 20 et 22,2%.

Ce scrutin confirme la relégation des deux partis ayant gouverné la France de la Ve République jusqu'en 2017, qui réalisent le pire score de leur histoire: Valérie Pécresse (LR) autour de 5% des suffrages, seuil de remboursement des frais de campagne, et Anne Hidalgo (PS) avec moins de 2%.

"Les partis traditionnels sont pulvérisés, PS et LR font 56% en 2012, 6% en 2022, c'est impressionnant", résume le politologue Jérôme Jaffré. "Le réflexe du vote utile a joué à plein, c'est une déception personnelle et collective", a commenté à chaud Mme Pécresse.

Reports de voix

Si le scénario d'un duel Macron/Le Pen était attendu, la campagne d'entre deux tours ouvre un éventail de questions sur les reports de voix dont bénéficieront l'un et l'autre le 24 avril.

Marine Le Pen, qui se veut la "présidente de tous les Français", a appelé "tous ceux qui n'ont pas voté" pour Emmanuel Macron à la "rejoindre" pour la "grande alternance dont (la) France a besoin". Selon elle, "ce qui se jouera le 24 avril sera un choix de société et de civilisation".

Ce sont "deux visions de la France qui vont s'affronter", a confirmé le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui soutient Emmanuel Macron.

Assurant que "rien n'est joué", Emmanuel Macron a de son côté dit vouloir "tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France". Il a appelé à fonder au-delà des "différences" "un grand mouvement politique d'unité et d'action".

Selon les premiers sondages réalisés dimanche, le président de la République l'emporterait au second tour avec 51 à 54% des voix. Le score serait nettement plus serré qu'il y a cinq ans, voire s'inscrirait dans la marge d'erreur.

Mélenchon contre Le Pen

L'issue du second tour réside en partie dans le vote des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Respecteront-ils la consigne que le candidat a martelé à quatre reprises: "Il ne faut pas donner une voix à madame Le Pen!"? Il n'a cependant pas appelé explicitement à voter pour le président sortant.

Le député insoumis Adrien Quatennens a confirmé que LFI organiserait comme en 2017 une "consultation" interne en vue du second tour. "Le vote d'extrême droite ne sera pas une option", a-t-il ajouté.

Et les sympathisants de droite suivront-ils le choix de Mme Pécresse de voter "en conscience pour Emmanuel Macron pour empêcher l'extrême droite d'arriver au pouvoir"? "Personnellement, je ne voterai pas Emmanuel Macron au second tour", a de son côté prévenu le finaliste de la primaire LR Eric Ciotti.

Dans le même temps, le ressort émoussé du front républicain pour faire barrage au RN fonctionnera-t-il encore? L'écologiste Yannick Jadot (moins de 5%), le communiste Fabien Roussel (2/3%) ou Anne Hidalgo, qui ont rapidement appelé à "battre l'extrême droite" en votant Macron.

Zemmour soutient Le Pen

Dans un tel contexte, le président sortant "va avoir un problème de dynamique": "Il a déjà pris l'essentiel des électeurs de la droite modérée" et "va devoir aller à la pêche à ceux de gauche, mais ils sont chez Jean-Luc Mélenchon", ce qui complique sa tâche, souligne le politologue Pascal Perrineau.

Mme Le Pen va, elle, pouvoir compter sur les voix du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour qui, après avoir obtenu autour de 7% des suffrages, a appelé "à voter Marine Le Pen" malgré "des désaccords" avec elle. Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a quant à lui appelé à "tout faire pour faire barrage" à Emmanuel Macron et assuré qu'il voterait Marine Le Pen au second tour.

ATS
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