Les Fribourgeois à l'assaut des "véhicules verts"
La pandémie n'a pas mis un frein aux immatriculations de véhicules, au contraire. Les électriques et hybrides sont prisés. Qui les achète?

A l'heure d'acheter un nouveau véhicule, quelles sont les réflexions des automobilistes? Essence, hybride, électrique? Entre préoccupation écologique et considération d'ordre économique, qu'est-ce qui est déterminant?
On se penche sur le choix des automobilistes fribourgeois avec Marc Rossier, le directeur de l'Office de la circulation et de la navigation (OCN) et Christian Dafflon, directeur d’Emil Frey à Marly.
Ecologie, argent ou goût de l'innovation?
Marc Rossier évoque un bouleversement du marché automobile. "Chaque année, entre 10'000 et 12'000 véhicules neufs sont immatriculés. Il y a cinq ans, nous avions 5% de véhicules hybrides, quelques électriques. En 2020, 25% des véhicules neufs étaient hybrides ou électriques et l'année passée, on est montés à 35% d'hybrides et 10% d'électriques."
Si l'appétence croît d'année en année, les motivations derrière l'achat d'un "véhicule vert" sont diverses. Entre bonne conscience écologique et plaisir de l'innovation, Christian Dafflon distingue trois profils de l'acheteur d'un véhicule "vert". Il y a d'une part "les gens qui souhaitent avoir un véhicule qui consomme moins et qui émet moins, et qui désirent peut-être s'acheter une conscience environnementale". Ensuite, il y a le consommateur qui y voit un intérêt financier. Finalement, il y a le client "technophile" qui a un goût pour l'innovation.
"Les vendeurs sont parfois pris au dépourvu"
D'après le directeur d'Emil Frey Marly, une personne intéressée va se poser deux questions cruciales: celle de l'autonomie et celle de la recharge. "On ne doit pas vendre une électrique à n'importe qui". Les vendeurs prennent soin de cerner les besoins des clients. Si vous faites un trajet Fribourg-Genève tous les jours, on vous incitera à réfléchir à deux fois avant d'acheter.
Une fois les doutes du client levés, celui-ci va passer à l'achat ou se rétracter. Mais pour Christian Dafflon, un constat s'impose: "les gens qui viennent dans nos espaces de vente sont très renseignés. Ils arrivent avec des questions très pertinentes, notamment sur l'électrification. Les vendeurs sont parfois pris au dépourvu."
Des incitatifs financiers à l'achat d'un "véhicule vert"
Une nouvelle loi sur l'imposition des véhicules est entrée en vigueur début 2022. La taxation se fait désormais en fonction de la puissance du moteur. Le directeur de l'OCN se justifiait dans un article paru sur Frapp: " La volonté politique est vraiment d'imposer les fortes puissances qui ont des consommations d'énergie et des émissions importantes".
Pour les voitures électriques ou à hydrogène, l'impôt 2022 va diminuer de 30%. Pour les véhicules hybrides ou fonctionnant au gaz, la taxe diminuera de 15%. Quant aux propriétaires de véhicules disposant d'une étiquette-environnement A, ils profiteront d'une baisse de 30%.
Motos, camping-cars et bateaux ont le vent en poupe
Aux difficultés financières causées par la fermeture des surfaces commerciales s'ajoutent les effets collatéraux de la pandémie, jugés tout aussi néfastes par Christian Dafflon: le secteur automobile souffre en effet d'une pénurie de matières premières, notamment de semi-conducteurs. Conséquence: des délais d'attente supplémentaires.
Malgré les contraintes liées à la pandémie, la mobilité individuelle n'a pas faibli. Au contraire. L'OCN note une croissance du parc automobile supérieure à 2% en 2020 et 2021, soit une croissance plus importante que les années précédentes. Marc Rossier associe ce regain d'intérêt aux catégories particulières: les immatriculations de motos et camping-cars ont cru de façon significative. Empêchés de partir en vacances à l'étranger, certains Suisses ont aussi jeté leur dévolu et ancres sur... les lacs. Les immatriculations de bateaux ont connu une belle hausse.
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