Addictions en hausse chez la jeunesse suisse

Le Panorama des addictions 2024 révèle une détérioration de la santé mentale et une montée des addictions chez les jeunes suisses.

Chaque mois, un jeune ou jeune adulte perd la vie à cause de l'usage détourné de médicaments en Suisse. © Source: Pexels

La santé mentale des jeunes Suisses s'est fortement détériorée ces dernières années, une tendance alarmante mise en lumière par le Panorama suisse des addictions 2024. Le rapport, publié jeudi, révèle une augmentation préoccupante de la consommation d'alcool, de nicotine et de médicaments parmi cette population.

Markus Meury, porte-parole de la Fondation Addiction Suisse, souligne la gravité de la situation : "Depuis 2006, nous observons une hausse significative de la consommation de médicaments psychoactifs chez les garçons, tendance qui se stabilise à partir de 2018. Chez les filles, en revanche, les chiffres sont plus variables." Il ajoute que la consommation de benzodiazépines et d'antidouleurs opioïdes, souvent combinée à de l'alcool, est particulièrement répandue.

Un phénomène culturel spécifique est également mentionné par Meury : "Dans les milieux hip-hop, le 'purple drank' ou 'lean', une mixture de sirop contre la toux et de limonade, devient une substance de choix." La conséquence de ces habitudes est sombre, avec "environ un décès de jeune ou jeune adulte par mois entre 2018 et 2021, principalement dans des villes comme Bâle, Zurich et Lucerne, bien que le problème s'étende à d'autres cantons."

Face à ces défis, Addiction Suisse plaide pour une action rapide et efficace. La fondation préconise une meilleure protection des jeunes, en commençant par le foyer familial. "Souvent, les jeunes commencent par s'approvisionner dans la pharmacie de la maison. Il est donc crucial que les parents sécurisent l'accès à ces médicaments." En outre, Markus Meury insiste sur la nécessité de restreindre la prescription d'antidouleurs et de contrôler l'accès aux sirops pour la toux à base de codéine, autrefois facilement disponibles.

L'organisation appelle également à une vigilance accrue sur les réseaux sociaux et les plateformes en ligne, où les jeunes peuvent aisément se procurer ces substances. "Il est impératif que les autorités intensifient leur surveillance de ces espaces pour prévenir l'achat facile de médicaments."

En conclusion, Addiction Suisse réclame un renforcement des mesures de prévention, notamment un respect plus strict des interdictions de vente d'alcool et de tabac aux mineurs, une réduction de la publicité pour ces produits et une augmentation de leurs prix. Ces actions sont jugées essentielles pour inverser la tendance préoccupante de la consommation de substances addictives chez les jeunes Suisses.

RadioFr. - Marie Vuilleumier, correspondante parlementaire / Michel Kramer
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