Israël "examine" une réponse du Hamas
L'émissaire américain Steve Witkoff a acté jeudi l'échec des pourparlers menés à Doha en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, mettant en cause la bonne foi du Hamas, en guerre contre Israël depuis plus de 21 mois.
Alors que la pression internationale s'intensifie pour mettre fin à la guerre et aux souffrances des plus de deux millions de Palestiniens de Gaza, le président français Emmanuel Macron a annoncé que la France reconnaîtrait l'Etat de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre à New York.
Le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin a critiqué jeudi la décision de la France de reconnaître un Etat de Palestine, la qualifiant de "tache noire dans l'histoire française et d'aide directe au terrorisme".n M. Levin, qui est également ministre de la Justice, a déclaré que la "décision honteuse" de la France signifiait qu'il était désormais "temps d'appliquer la souveraineté israélienne" en Cisjordanie, territoire qu'Israël occupe depuis 1967.
Dans le même élan, un "entretien d'urgence" entre Paris, Londres et Berlin sur la situation à Gaza est prévu vendredi, a indiqué le Premier ministre britannique Keir Starmer, réaffirmant le "droit inaliénable du peuple palestinien" à un Etat.
Peu avant, Israël a annoncé le rappel pour consultation de ses négociateurs, engagés dans des pourparlers indirects avec le Hamas au Qatar. "Nous agissons pour obtenir un nouvel accord afin de libérer nos otages", a néanmoins déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu, malgré le retrait de son équipe.
M. Witkoff a également annoncé le retrait de l'équipe américaine "pour consultation après la dernière réponse du Hamas, qui montre clairement un manque de volonté de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza".
Il a ajouté que les Etats-Unis et leurs partenaires allaient "désormais envisager d'autres options pour ramener les otages chez eux et tenter de créer un environnement plus stable pour la population de Gaza".
Ces otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.
"Entretien d'urgence"
Comme l'émissaire américain, M. Netanyahu a justifié le retrait israélien par la réponse transmise par le Hamas.
Le mouvement islamiste palestinien avait déclaré avoir répondu à une proposition de trêve de 60 jours dans la bande de Gaza, ravagée par plus de 21 mois de guerre et menacée de famine.
"Nous agissons pour obtenir un nouvel accord afin de libérer nos otages. Mais si le Hamas considère notre intention d'y parvenir comme une faiblesse, comme une opportunité pour nous imposer des conditions de reddition qui mettraient en danger l'Etat d'Israël, il se trompe lourdement", a prévenu M. Netanyahu jeudi.
Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent à Gaza, où au moins 40 personnes ont été tuées jeudi, selon la Défense civile locale.
En Israël, le Forum des familles d'otages, principale association de proches des captifs retenus à Gaza, a fait part de sa "vive inquiétude", estimant que "chaque jour qui passe réduit les chances de sauver les otages".
Selon une source palestinienne, la réponse du Hamas comprend des amendements proposés aux clauses sur l'entrée de l'aide humanitaire, des cartes des zones de Gaza d'où l'armée israélienne devrait se retirer, ainsi que des garanties sur la fin de la guerre. Israël refuse de donner des garanties sur un cessez-le-feu permanent.
"Les enfants tombent"
Début mars, Israël a imposé un blocus total sur Gaza, très partiellement assoupli fin mai, entraînant de graves pénuries de nourriture, médicaments et carburant.
Youssef Hassouna, journaliste vidéo de l'AFP habitant à Gaza-ville, raconte qu'"il est extrêmement difficile d'obtenir de la nourriture" et de l'eau pour lui et sa famille.
"Les enfants tombent en marchant par manque de nourriture", relate une autre vidéaste de l'AFP, Salma Al-Qaddoumi, en évoquant ses trois neveux âgés de 4 à 12 ans.
Les agences de presse AFP, AP et Reuters, ainsi que la BBC, ont appelé Israël à "autoriser l'entrée et la sortie des journalistes à Gaza", se disant "profondément inquiets du fait que, désormais, la faim menace leur survie".
Les gens "meurent de faim"
Selon le patron de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, une "grande proportion" de la population à Gaza "meurt de faim".
"Il n'y a pas de famine causée par Israël", a affirmé le gouvernement israélien, accusant le Hamas d'empêcher la distribution de l'aide et de la piller. Le Hamas rejette ces accusations.
Jeudi, les autorités israéliennes ont indiqué qu'environ 70 camions d'aide avaient été déchargés la veille aux points de passage et que plus de 150 "avaient déjà été récupérés par l'ONU et des organisations internationales à Gaza".
Les agences humanitaires soulignent que les autorisations accordées par Israël sont limitées et que la coordination pour acheminer les camions constitue un défi majeur en zone de guerre.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.
Les représailles israéliennes ont fait 59.587 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.