Les salariés de Volkswagen en grève

Les salariés allemands se mobilisent contre les suppressions d'emplois massives. Le syndicat IG Metall s'oppose fermement au plan d'économies de la direction.

La direction de Volkswagen a jugé "non valable" une contre-proposition syndicale visant à réduire les coûts sans fermer d'usines en Allemagne (archives) © KEYSTONE/EPA/FILIP SINGER

Les salariés de Volkswagen donnent lundi le coup d'envoi de débrayages dans les usines du groupe en Allemagne. Ils s'opposent aux milliers de suppressions d'emplois envisagées, avec le risque d'un conflit social majeur en pleine campagne électorale.

Des arrêts de travail sont prévus dans tout le pays, y compris au siège du premier constructeur européen, à Wolfsburg (nord), selon le syndicat de la métallurgie IG Metall qui appelle à cette mobilisation. C'est la première étape d'un mouvement social qui pourrait prendre une ampleur inédite si la direction et les représentants du personnel ne parviennent pas à trouver d'accord sur les mesures pour redresser la compétitivité du groupe.

"Si nécessaire, ce sera la lutte collective la plus dure que Volkswagen ait jamais connue", a prévenu IG Metall qui s'est dit prêt à un conflit social comme l'Allemagne "n'en a pas connu depuis des décennies".

"Non viable"

Volkswagen a annoncé en septembre préparer un plan drastique d'économies, cherchant à réduire ses coûts de plusieurs milliards d'euros dans ses usines allemandes. Trois séances de négociations entre direction et syndicat ont eu lieu, sans résultat.

Le fossé s'est même creusé avec le rejet vendredi d'une contre-proposition syndicale visant à réduire les coûts sans fermer d'usines en Allemagne. Offre "non viable", a tranché le groupe. "Nous devons réduire nos capacités", a réaffirmé en novembre Thomas Schäfer, patron de la marque VW, la plus en difficulté du groupe, à qui appartiennent également Audi, Porsche, Seat ou Skoda.

Selon IG Metall, Volkswagen envisage de fermer trois usines en Allemagne, ce qui serait une première en 87 ans d'histoire. Le constructeur compte dix sites de production dans le pays et environ 300'000 salariés, dont 120'000 pour la marque VW.

Les deux parties se retrouveront le 9 décembre à Wolfsburg pour un quatrième tour des négociations. A la veille de la grève, Volkswagen a dit "respecter le droit des salariés" et croire au "dialogue constructif", en vertu du principe de cogestion, pour "parvenir à une solution durable et soutenue collectivement".

Hécatombe industrielle

Volkswagen souffre à la fois du ralentissement mondial des ventes de voitures, de la concurrence chinoise, de modèles à batterie pas assez attractifs et de coûts de main d'œuvre plus élevés que ses rivaux, selon les experts. Le secteur automobile européen est à la peine au moment où il est engagé dans une profonde mutation pour se convertir aux technologies électriques et numériques.

Comme Volkswagen, toute l'industrie allemande voit son modèle remis en cause, confrontée ces derniers mois à une litanie de plans sociaux dans l'automobile, la chimie, la sidérurgie. L'activité économique du pays devrait se contracter en 2024, pour la deuxième année de suite.

La paralysie politique depuis la rupture, début novembre, de la coalition tripartite d'Olaf Scholz, assombrit encore la situation. Il pourrait s'écouler plusieurs mois avant que l'Allemagne ne se dote d'un nouveau gouvernement, les négociations entre les partis risquant de s'éterniser après le scrutin.

La relance de l'économie s'est imposée comme un enjeu central de la campagne pour les élections du 23 février. Le chancelier social-démocrate (SPD) Olaf Scholz et le ministre de l'Economie Robert Habeck (Verts), en lice pour les législatives, défendent tous deux des subventions à l'industrie, notamment pour réduire les coûts de l'énergie. Leurs adversaires conservateurs, donnés gagnants par les sondages, veulent freiner la dépense publique.

La région de Basse-Saxe, où se trouve le siège de VW, est un bastion du SPD. La situation économique de l'Allemagne pourrait s'aggraver si Donald Trump, élu à la Maison Blanche, mettait en œuvre des hausses des droits de douane. Elles entraîneraient une réduction d'environ 15% des exportations allemandes vers les Etats-Unis, l'un des marchés principaux des véhicules Made in Germany, selon une étude de l'institut IFO.

ATS
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