Les subtilités stratégiques du scrutin proportionnel

Deuxième force politique du canton, le Parti socialiste se retrouve pourtant avec un seul siège au Conseil national. Explications.

La force des apparentements définit la répartition des sièges. © KEYSTONE

Ce dimanche, le Parti socialiste était le deuxième parti à avoir amassé le plus de votes lors des élections au national, avec 128'000 suffrages. Plus que les centristes, qui ont eu moins de 110'000 votes. Et pourtant, c'est le siège des socialistes qui a été dérobé par l'UDC. Pourquoi?

Le mécanisme de répartition des sièges au Conseil national se joue à la proportionnalité. La première étape de cette répartition est donc de distribuer les sept sièges, non pas aux partis, mais aux apparentements qui ont reçu le plus de votes. Dans le cas des élections de dimanche, ce sont l'UDC (179'128 votes), le bloc PS-Vert-e-s (232'238), l'alliance Centre-Vert'libéraux (161'803) et le PLR (88'483). Sur les 665'505 suffrages totaux, il en faut 83'189 pour obtenir un siège. Ainsi, l'UDC et le bloc de gauche en ont chacun eu deux, les libéraux-radicaux et le Centre chacun un.

Mais, il reste encore un siège à pourvoir. Dans ce cas, il revient à l'apparentement qui est le plus proche de recevoir un siège supplémentaire, soit celui du Centre pour les élections de cette année, comme ce fut par ailleurs déjà le cas en 2019.

Et encore une fois…

La méthode de répartition est ensuite réitérée pour les sous-apparentements, puis encore une fois pour les listes. Prenons le cas du bloc de gauche. Le premier sous-apparentement comprend le PS et la Jeunesse socialiste, avec 136'958 suffrages. Le deuxième réunit les Vert-e-s, le Centre Gauche-PCS et les Jeunes Vert-e-x-s, avec 78'754 votes.

Sur les 232'238 suffrages de la gauche, 77'412 sont ainsi nécessaires pour obtenir un siège. Les sous-apparentements socialiste et vert ont donc chacun siège, qui revient aux listes PS et Vert-e-s, celles des jeunes et le Centre Gauche-PCS n'ayant pas amassé assez de votes.

Une question de stratégie

"Ce qui fait qu'un parti obtient un siège, c'est la force de l'apparentement, souligne Nicolas Fellay, responsable des droits politiques à la Chancellerie d'Etat. Pour les partis, la grande question qui se pose durant les campagnes est donc de multiplier ou non les listes."

Ainsi, la stratégie de l'UDC et du Centre de multiplier les listes semble avoir porté ses fruits, tandis qu'à gauche, l'alliance entre les socialistes et les écologistes est probablement ce qui a permis aux Vert-e-s de conserver leur siège au Conseil national.

Frapp - Mattia Pillonel
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