L'Iran prêt à enrichir l'uranium à nouveau

L'Iran dispose des capacités techniques pour recommencer à enrichir de l'uranium d'ici à "quelques mois", a indiqué le patron de l'AIEA. Le président américain Donald Trump avait suggéré que le programme nucléaire iranien avait été retardé de "plusieurs décennies".

Les inspecteurs de l'AIEA n'ont pas vu les réserves d'uranium enrichi depuis le 10 juin, notamment sur le site de Fordo bombardé par les Etats-Unis (archives). © KEYSTONE/AP

Près d'une semaine après les bombardements américains sur les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan, tous s'accordent, même Téhéran, à dire que ces centrales ont été considérablement endommagées, mais des questions demeurent sur l'efficacité réelle de ces frappes.

"Il y a eu des dommages importants, mais pas complets [...] Ils peuvent avoir, vous savez, en quelques mois je dirais, des centrifugeuses en action pour produire de l'uranium enrichi", a déclaré sur CBS le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi dans une interview qui sera diffusée dimanche.

Un autre enjeu clé est le sort des stocks de plus de 400 kg d'uranium enrichi à 60%, qui pourraient servir en théorie à fabriquer plus de neuf bombes atomiques si le taux était porté à 90%.

Stocks pas vus depuis le 10 juin

Dans un entretien qui sera diffusé dimanche sur la chaîne télévisée américaine Fox News, Donald Trump a assuré que les stocks d'uranium iraniens n'avaient pas été déplacés avant les frappes américaines. "C'est une chose très difficile à faire et nous n'avons pas prévenu" avant de bombarder, a-t-il souligné, selon des extraits de l'interview. "Ils n'ont rien bougé".

Mais les inspecteurs de l'AIEA n'ont pas vu ces réserves depuis le 10 juin, d'où les demandes de l'agence onusienne pour accéder aux sites et aux stocks iraniens.

Or, le Parlement iranien a voté en faveur d'une suspension de la coopération avec l'AIEA et le conseil des gardiens de la révolution, en charge d'examiner la législation en Iran, a approuvé jeudi le texte de loi, qui doit être transmis à la présidence pour sa ratification.

"C'est leur loi, leur parlement, mais il y a ici des implications légales. Un traité international doit, bien entendu, avoir préséance. Vous ne pouvez pas invoquer une loi nationale pour ne pas respecter un traité international", a relevé M. Grossi.

Résolution de l'AIEA

"Nous soutenons les efforts cruciaux de vérification et de surveillance de l'AIEA en Iran", a assuré samedi sur le réseau social X le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio. Il a également appelé l'Iran à "assurer la sûreté et la sécurité du personnel" de l'organisation.

La diplomatie iranienne reproche à l'agence onusienne d'avoir adopté le 12 juin une résolution accusant l'Iran de non-respect de ses obligations nucléaires. Téhéran considère d'ailleurs que cette décision a servi d'"excuse" à Israël et aux Etats-Unis pour attaquer ses sites nucléaires.

"Qui peut vraiment croire que ce conflit s'est produit à cause d'un rapport de l'AIEA? Il n'y avait rien de nouveau dans ce rapport [...] Il est peut-être facile de blâmer une organisation internationale ou un directeur général, je ne sais pas, mais ce n'est pas raisonnable", s'est défendu M. Grossi.

ATS
...