Lucien Dénervaud: "Aebischer, c'est un joueur remarquable"

L'entraîneur charmeysan analysait ce lundi sur Radio Fribourg la première victoire de l'équipe de Suisse contre la Hongrie à l'Euro.

Buteur et passeur lors du 3-1 contre la Hongrie samedi à Cologne, Michel Aebischer s'est montré, lui qui est encore discret. © KEYSTONE/Frapp

RadioFr: Vous avez été entraîneur du FC Bulle, vous êtes aujourd'hui derrière le banc du FC Monthey. Samedi, vous étiez à Cologne pour suivre l'équipe de Suisse. Plus de 10'000 fans de la Nati avaient fait le déplacement, comment est-ce que c'était?

Lucien Dénervaud: Extraordinaire, franchement ça faisait un petit moment que je n'avais pas été à un Euro ou une Coupe du monde, mais cette ferveur des Euros était extraordinaire. On a marché 1h30 avant d'arriver au stade. Et une fois arrivés, l'ambiance a continué. 

On est en Allemagne, c'est proche de la Suisse, ça joue aussi beaucoup cette ambiance, cette ferveur, cette passion?

Oui, et ce qui m'a le plus surpris c'est Murat Yakin qui est arrivé avant l'échauffement de l'équipe, en train d'haranguer la foule comme s'il allait faire ses adieux. J'étais surpris car un entraîneur est généralement très discret. Au contraire, là ça a montré qu'il voulait aller chercher le public, avec la Nati. Le public était chaud! Derrière, ça a suivi. 

Comment avez-vous vécu ce match? 

Bien. Parce que déjà tu peux mener 1 à 0 assez rapidement par un joueur que personne ne connaissait, Kwadwo Duah. La différence, c'est ce 2-0 de Michel Aebischer. Malgré tout, ça a été un match un peu plus compliqué en deuxième partie, je pense que les changements ont fait du bien. L'équipe de Suisse a fait un match complet, et mérite clairement cette victoire.  

Quand vous voyez que Murat Yakin aligne ce 11-là, qu'est-ce que vous vous dites?

Ça a été positif pour lui, puisque ce sont les deux joueurs qui ont fait la différence. En tant que Fribourgeois, je suis très content de voir Michel Aebischer titulaire, il a été vraiment excellent. Ça montre que tu peux te passer de Shaqiri et d'autres plus connus du grand public. 

Comment analyser ce choix de Murat Yakin à titulariser un Duah ,qui avait un seul match avec l'équipe de Suisse?

Déjà, l'état de forme déjà, du moment, la saison qu'il a passée. Derrière, il y a aussi les entraînements, où tu peux échanger, discuter avec le joueur. Après, ce sont des choix qui sont payants ou non. Là, ça a été payant, tant mieux pour Murat Yakin car si ça n'avait pas été le cas, il aurait été un peu plus décrié. 

Il a été pardonné, Yakin?

Je pense par une bonne partie du public, pour l'instant. Tout dépend du résultat de mercredi. Il y a de l'espoir après une victoire contre la Hongrie comme celle-ci, mais si tu perds contre l'Ecosse, tu es forcément très déçu. 

Un mot sur Shaqiri, qui n'a pas été titulaire, qui n'a même pas joué une minute de ce premier match. Comment gérer ça maintenant?

Ça s'appelle la communication, qui est bien soignée dans le coaching. Je pense qu'il faudra utiliser Shaqiri, car la force de l'équipe de Suisse passe par le groupe. Mais c'est clair, la gestion des égos est le plus difficile à ce niveau-là. Tout le monde a envie de jouer un Euro. A voir ses interviews, on comprend qu'il a eu une bonne discussion avec Murat Yakin et qu'elle a été positive.  

Est-ce que la Suisse a, après ce premier match, les qualités pour être première de son groupe? 

Il peut se passer quelque chose, mais il ne faut pas être trop euphorique. Ça reste un premier match. La Suisse peut aller chercher cette première place, mais l'Allemagne reste forte, elle a écrasé l'Ecosse. Etre premier ou deuxième, certes, mais être au deuxième tour, c'est différent et c'est là que la Suisse doit passer le cap. 

La star de ce week-end, c'est le Fribourgeois Michel Aebsicher. Que dire de sa trajectoire, de Young Boys à Bologne et maintenant sa titularisation en équipe de Suisse? 

Michel, je l'ai eu dans les Jeunes au team AFF, en tant qu'entraîneur des attaquants. C'est un joueur humble, extraordinaire, quelqu'un qui est toujours poussé par l'équipe. Je pense qu'on peut le mettre dans n'importe quelle position, il fera le job. Sa trajectoire, elle est à suivre, parce qu'il n'a pas brûlé les étapes. Il est passé par la formation d'YB, où il a commencé, il a dû s'imposer car il n'était pas un titulaire indiscutable. Par la suite oui, il s'est montré et il a attendu le bon moment pour partir dans le Championnat italien, à Bologne. Quand tu deviens capitaine de Bologne après deux saisons, c'est remarquable. J'espère qu'il va encore arriver à un plus haut niveau, reste encore à voir à quelle position. 

Ecouter l'interview complet: 

RadioFr. - Loïc Schorderet
...