L'UDC triomphe, la gauche paie sa mauvaise stratégie
Découvrez l'édito de Loïc Schorderet, co-rédacteur en chef de RadioFr, après ces élections fédérales.

Carton plein pour l'UDC dans le canton de Fribourg! Le parti enregistre deux victoires. Il récupère un deuxième siège au Conseil national, au détriment du parti socialiste. Et il réalise un excellent score au Conseil des Etats. Pierre-André Page se place 3e, loin derrière la centriste Isabelle Chassot, mais à quelques centaines de voix seulement de la PLR Johanna Gapany.
L'UDC a sûrement été portée par l'actualité anxiogène: attentat en France, conflit au Proche-Orient, guerre en Ukraine et par les récentes crises - Covid ou énergie - qui profitent, on le sait, aux extrêmes.
Mais c'est un peu vite dit et une bonne excuse aussi pour les autres partis. Car les primes maladie, la nourriture et l'électricité ont augmenté et les fins de mois sont devenues compliquées. Une réalité qui aurait dû faire gagner des voix à la gauche. Raté! Elle n'a apparemment pas su convaincre.
Autre préoccupation majeure des Suisses selon les sondages: le réchauffement climatique. Les températures anormales se succèdent, les catastrophes se multiplient, de la tempête à La Chaux-de-Fonds aux mégafeux de forêts au Canada ou en Grèce. Et pourtant, les Verts reculent.
L'heure est donc à la remise en question, une sérieuse remise en question. Car leur discours ne passe pas, à tort peut-être, mais il ne passe pas. Fini les excuses, place au changement! Le parti écologiste doit se concentrer sur l'essentiel pour convaincre, proposer des solutions pragmatiques et casser son image un peu "intellectuel citadin sur son vélo électrique".
La gauche fribourgeoise paie aussi sa mauvaise stratégie politique. Chez les Verts, à l'exception de Gerhard Andrey, les autres candidats sont d'illustres inconnus pour la population fribourgeoise. Une liste faible, trop faible.
Du côté des socialistes, Ursula Schneider Schüttel a été sacrifiée, ou presque, par son parti. La Lacoise a un bilan solide à Berne. Mais le PS devrait savoir que cela ne suffit pas dans les urnes. Pour s'imposer, il faut se montrer.
Ursula Schneider Schüttel aurait dû être profilée en 2021 lors de l'élection complémentaire au Conseil des Etats, à la place de Carl-Alex Ridoré. Ou elle aurait dû se présenter cette année aux deux chambres, à la place d'une Alizée Rey qui n'a pas su s'imposer en locomotive du parti, à l'inverse des autres candidats au Conseil des Etats.
L'UDC a au contraire bien compris qu'il fallait occuper le terrain avec un Pierre-André Page qui collectionne les candidatures et qui a su se profiler sur des thèmes comme l'énergie ou la défense des campagnes et un Nicolas Kolly qui a brigué la Préfecture de la Sarine et qui est un "expert-frondeur". Pensez à BlueFactory ou au Musée d'histoire naturelle de Fribourg.
Mais après les promesses de campagne, il y a le travail au Parlement. Et l'UDC a des choses à prouver. Le parti gagne dans toute la Suisse. En profitant notamment d'un certain mécontentement et des inquiétudes de la population. Un sondage du Temps, publié au début du mois, montre que le parti à qui la population fait le plus confiance pour freiner la hausse des primes-maladie, c'est l'UDC. L'UDC qui est pourtant la première force au Conseil national, avec plus d'un quart des sièges, et encore davantage à l'avenir avec la percée de ce dimanche.
Une réalité que l'UDC aime faire oublier, se faisant passer pour un parti d'opposition. Ce n'est pas le cas! Et encore moins après ces élections. L'UDC devra donc assumer ses promesses et prouver sa capacité à répondre aux inquiétudes de la population. Dans les faits, et pas seulement dans les discours.


