L'UE débloque 1 milliard pour l'Ukraine
La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a annoncé vendredi à Lviv le déblocage d'un milliard d'euros en faveur de l'industrie de défense ukrainienne. Ces fonds seront financés grâce aux intérêts générés par les avoirs russes gelés dans l'Union européenne.

"Nous venons de débloquer un milliard d'euros pour l'industrie de défense ukrainienne afin que l'Ukraine puisse mieux se défendre" contre l'invasion russe, a déclaré la cheffe de la diplomatie européenne en marge d'un déplacement en Ukraine d'un large groupe de ministres européens.
Les Occidentaux ont gelé quelque 235 milliards d'euros d'avoirs russes depuis le début de la guerre en 2022, dont la majorité se trouve en Europe. En mars, l'Union européenne avait décidé de puiser dans les intérêts perçus sur ces avoirs pour financer l'aide à l'Ukraine, ce que Moscou a qualifié de "vol".
Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, a pour sa part, annoncé vendredi durant cette rencontre à Lviv que Paris allait mobiliser certains de ces revenus tirés des avoirs russes gelés pour assurer la maintenance des canons Caesar livrés à l'Ukraine.
L'Europe tente de renforcer son soutien à l'Ukraine, notamment depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, le président américain ayant vivement critiqué l'important soutien financier à l'Ukraine apporté par son prédécesseur Joe Biden.
Pas possible en Suisse
Les avoirs gelés des réserves et actifs de la Banque centrale de la Fédération de Russie détenus en Suisse se montent à 7,45 milliards de francs, avait indiqué le mois dernier le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco). Les transactions liées à la gestion des réserves et des actifs de cette banque sont interdites depuis mars 2022.
Contacté vendredi par Keystone-ATS, le Seco a rappelé que Berne ne peut pas recourir, comme Bruxelles, aux revenus extraordinaires générés par l'immobilisation des fonds de la Banque centrale russe. Les modèles sont différents.
Dans l'UE, les dépositaires centraux conservent par exemple des titres de la Banque centrale russe, qui génèrent des revenus réguliers comme des dividendes ou des intérêts. Dans le cas des obligations d'Etat, des remboursements de la valeur nominale empruntée sont en principe prévus à la Banque centrale russe. Or ces paiements ne sont pas possibles en raison des sanctions, a expliqué le Seco.
Cet argent reste donc auprès des dépositaires centraux de l'UE, qui sont légalement tenus de le réinvestir, ce qui génère à nouveau des revenus. Les fonds promis par Bruxelles à l'Ukraine proviennent des revenus extraordinaires liés à ces derniers investissements. Ces revenus sont imprévisibles puisqu'ils résultent exclusivement des sanctions.
En Suisse, les actifs de la Banque centrale russe détenus par les institutions financières helvétiques sont déposés sous forme de liquidités auprès de banques commerciales, et non auprès d'un dépositaire central. Ces avoirs ne génèrent donc pas de tels revenus exceptionnels, a souligné le Seco. Et de répéter que la Suisse suit de près les discussions internationales à ce sujet. Toute approche doit préserver la stabilité financière.