L'Ukraine pourrait être candidate à l'UE

La Commission européenne a recommandé vendredi, à la suite de Paris, Berlin et Rome, d'accorder à l'Ukraine le statut de candidat à l'UE. Une promesse qualifiée de "message mensonger" par Moscou qui a coupé cette semaine en grande partie le gaz à l'Europe.

La présidente de l'exécutif européen Ursula von der Leyen est favorable à un statut de candidat à l'UE pour l'Ukraine (archives). © KEYSTONE/EPA/SERGEY DOLZHENKO

Cette accélération, à l'approche du sommet européen des 23-24 juin qui devra décider à l'unanimité et surmonter les réticences de certains pays membres, intervient au moment où l'armée ukrainienne est à la peine face à la puissance de feu russe dans la région orientale du Donbass.

L'ONU a alerté sur la situation humanitaire "extrêmement alarmante" de populations assiégées et bombardées sans répit dans cette région, notamment dans la ville pilonnée de Severodonetsk.

"Nous savons tous que les Ukrainiens sont prêts à mourir pour leurs aspirations européennes. Nous voulons qu'ils vivent avec nous, pour le rêve européen", a déclaré à Bruxelles la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vêtue de bleu et de jaune, les couleurs de l'Ukraine.

"La Commission recommande au Conseil, premièrement, de donner à l'Ukraine une perspective européenne et, deuxièmement, de lui accorder le statut de candidat", a-t-elle ajouté, au lendemain de la visite à Kiev des dirigeants de l'Allemagne, de la France et de l'Italie, les trois premières puissances européennes qui ont délivré le même message.

La Moldavie, petite république roumanophone voisine de l'Ukraine, bénéficie du même soutien. La Géorgie, pays du Caucase également envahi par la Russie en 2008, devra attendre.

Progrès demandés

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué sur Twitter la perspective d'une "première étape sur la voie de l'adhésion à l'UE, qui nous rapprochera certainement de la victoire" face à la Russie.

Ursula von der Leyen a averti l'Ukraine qu'il faudrait, avant une adhésion, progresser encore dans la lutte contre la corruption notamment. Dans son rapport 2021, l'ONG Transparency International classe ce pays 122e sur 180. C'est mieux qu'en 2014 (142e), et mieux que la Russie (136e), mais encore très loin derrière ses voisins membres de l'UE (le moins bien placé, la Bulgarie, est au 78e rang).

La présidente moldave Maïa Sandu, dont le pays se sent également menacé par les ambitions russes, a vu dans l'annonce de Bruxelles "l'espoir dont nos citoyens ont besoin".

Réplique de Moscou

La Russie de son côté, qui après avoir justifié son offensive contre Kiev par la crainte d'une avancée de l'Otan, ne cache plus qu'elle se bat aussi contre une avancée de l'UE dans son ancien pré carré, a aussitôt tempêté contre un "message mensonger".

"Depuis des années, la communauté occidentale manipule cette histoire d'engagement de l'Ukraine dans leurs structures d'intégration, et depuis l'Ukraine va de plus en plus mal", a dit aux agences russes la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

L'Ukraine "n'aura aucun avenir radieux" dans l'UE, a-t-elle affirmé.

L'examen express de la candidature de Kiev, déposée en février, est d'une rapidité inédite, justifiée par la guerre lancée le 24 février par Vladimir Poutine.

L'Autriche, de son côté, a invité ses partenaires de l'UE à envoyer également "des signaux clairs aux pays des Balkans occidentaux lors du sommet, en particulier à la Macédoine du Nord, à l'Albanie et à la Bosnie-Herzégovine", soulignant "le grand potentiel de déstabilisation de la Russie non seulement à l'est de l'Europe, mais aussi au sud-est", par la voix de son ministre des Affaires étrangères Alexander Schallenberg.

ATS
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