La gestion des émotions: le facteur X dans le sport?
La gestion des émotions dans le sport est primordiale, encore plus lorsque l'enjeu augmente. Un préparateur mental donne quelques conseils.
Le 9 juillet 2006, au bout de la nuit d'une finale de Coupe du Monde, Zinédine Zidane craque. Le capitaine de l'équipe de France de football assène un coup de boule dans le torse du défenseur italien Marco Materazzi.
Près de 18 ans plus tard, un soir de mars, en quart de finale des playoff, frustré par la défaite de son équipe, la star suédoise de Fribourg-Gottéron, Marcus Sörensen, sort son genou et met à terre le Luganais Bernd Wolf. Pour ce geste, l'attaquant sera suspendu pour une rencontre.
Lui pourrait perdre sa vie, s'il ne se maîtrise pas. Le navigateur Benoît Alt sait que la gestion de ces émotions est très importante et il s'en donne les moyens. "C'est un véritable apprentissage", témoigne celui qui a traversé l'Atlantique en solitaire en 2023. Depuis trois ans, Benoît Alt travaille avec une sophrologue et un coach sportif pour améliorer son mental.
Vivre avec ses émotions
"Au milieu de l'océan, seul, on peut se laisser déborder par la peur ou l'angoisse. Il faut arriver à prendre ses émotions avec soi pour être meilleur, sans pour autant se laisser envahir. Le but est de tenter de lisser les émotions. Il faut éviter les pics: une trop grande joie peut aussi être négative", explique le navigateur. Benoît Alt résume: "il faut relativiser."
Dimitri Sallin, préparateur mental, abonde dans le même sens: "Il faut être ouvert, prêt à accueillir l'émotion. Si on est triste, fâché ou en colère, on pourrait être tenté de le cacher. Mais il faut plutôt essayer de comprendre ce que nous dit une émotion lorsqu'elle apparaît."
Quelques pistes
Dimitri Sallin nous donne quelques conseils. Selon le préparateur mental, une émotion peut s'apprivoiser. "Il faut comprendre qu'elle est là, la conscientiser, apprivoiser l'émotion, se souvenir comment on avait réagi la dernière fois qu'on l'a sentie, se demander ce qu'on avait mis en place pour la gérer, se demander ce qu'on peut faire différemment. Mais il est clair qu'il ne faut pas lutter contre, mais faire avec."
Concrètement, qu'est-ce que ça signifie? "L'imagerie mentale fonctionne très bien avec les athlètes que je suis." Il faut visualiser le futur, prendre de l'avance sur ce qui pourrait se passer, préparer les étapes avant un match important, visualiser ce qu'on va vivre pour préparer le terrain et éviter l'inconnu à notre esprit."
L'hypnose ou la méditation peuvent aussi bien fonctionner. "Il n'y a pas de recette magique. Les émotions sont personnelles, chacun doit trouver son chemin", conclut Dimitri Sallin.
