Maladies à répétition, parents sous pression
Les parents doivent parfois quitter leur travail en urgence pour récupérer leur enfant malade à la crèche. Témoignage et éclairage.

Votre enfant revient souvent malade de la crèche? De nombreux parents vivent ce scénario: un appel en pleine journée, un départ précipité du travail et un bébé à récupérer en urgence. C’est le quotidien que connaissent certains parents fribourgeois…
Une mère fribourgeoise d’une trentaine d’années, qui souhaite garder l’anonymat, raconte la situation vécue il y a deux ans. Sa fille, alors âgée de neuf mois, venait tout juste d’intégrer une crèche. En quelques semaines, les maladies se sont enchaînées: rhumes, grippes, bronchites... la plupart débouchaient sur des surinfections. "Un simple rhume se transformait systématiquement en otite", explique-t-elle. Résultat: des antibiotiques à répétition. À chaque épisode, les parents étaient appelés sur leur lieu de travail pour venir chercher l’enfant en urgence.
Face à cette situation, les parents ont finalement décidé de changer de solution de garde et de confier leur enfant à une maman de jour. Aujourd'hui, la petite fille est à l'école maternelle et en bonne santé.
Pas touche aux médicaments!
"Les équipes de crèche sont déjà sous forte pression, ce qui rend difficile la prise en charge d’un enfant malade en plus du groupe. Les établissements manquent de moyens et, depuis 2016, ils ne peuvent plus administrer de médicaments, sauf traitements légers sur demande des parents. La marge de manœuvre est donc réduite", indique Gregory Pellissier, chef du Service Enfance et Formation à Marly.
Le personnel dans les établissements à Marly est formé pour évaluer l’état de santé d’un enfant, mais pas pour établir un diagnostic ni prescrire un traitement. "Il s’agit d’abord de déterminer si l’enfant présente un simple rhume ou une maladie contagieuse figurant sur la liste cantonale des évictions. Si les éducatrices ou éducateurs estiment qu’il y a un risque, les parents sont contactés et disposent d’environ une heure pour venir chercher leur enfant", précise-t-il.
L’objectif: limiter au maximum la propagation des infections au sein de la crèche. Il rappelle également qu’une solution de garde d’urgence existe dans le canton: le Chaperon Rouge, proposé par la Croix-Rouge.
"Il faut se construire son immunité"
L’éviction des enfants reste un sujet délicat, estime Damien Barbey, pédiatre à Granges-Paccot. Il prend l’exemple de la varicelle: les enfants sont contagieux cinq jours avant l’apparition des boutons. "À quel moment faut-il vraiment les exclure? Et rien ne prouve qu’en retirant un enfant déjà porteur du virus, on empêche les autres de l’attraper", souligne-t-il.
Une épidémie de pied-main-bouche circule actuellement. La maladie figure sur la liste des évictions, alors qu’elle est bénigne et peu contagieuse, indique le Dr. Barbey. Certaines crèches refusent malgré tout d’accueillir les enfants touchés, obligeant les parents à jongler entre soins et recherche d’une solution de garde temporaire. "Pour l’heure, les établissements doivent appliquer les directives cantonales. Nous avons toutefois demandé un assouplissement pour l’administration de traitements légers, et il me semble que nous avons été entendus."
Tomber malade avant l'école
Le pédiatre encourage néanmoins les familles à laisser leurs enfants se développer dans des groupes, dans la mesure du possible: "Côtoyer d’autres enfants avant l'entrée à l'école et attraper des virus: c’est ainsi qu’ils construisent leur immunité. Plus tôt c’est fait, mieux c’est."
Selon lui, l’enchaînement de petites infections – rhumes, gastro-entérites...etc. – est courant et généralement sans gravité. Tant qu’il ne s’agit pas de maladies sévères, comme une pneumonie, il n’y a pas lieu de s’alarmer.


