Manifester est un droit en Suisse comme ailleurs
Amnesty International lance une campagne pour le respect des manifestations. Interview avec Nadia Boehlen, porte-parole en Suisse.
Amnesty International lance une vaste campagne pour protéger le droit de manifester. L'ONG humanitaire constate que ce dernier est trop souvent bafoué, pas seulement dans les pays totalitaires, mais aussi en Suisse. L'organisation pointe du doigt certaines pratiques dans notre pays et publie un guide pour les manifestations. Sa porte-parole suisse Nadia Boehlen explique la démarche.
Nadia Boehlen: Cette campagne d'Amnesty en Suisse s'intègre dans une campagne globale. Les gens sont de plus en plus nombreux à se rassembler pour protester contre les injustices sociales et certains régimes politiques. Et on voit que la répression de cette dissidence est aussi de plus en plus forte, que ce soit par la violence, la peine de mort, comme en Iran, ou la privation de liberté. Il y a une panoplie de moyens qui sont utilisés pour réprimer toute possibilité de manifester. Et en Suisse, on a constaté que cette liberté est également entravée de différentes manières, par exemple à travers des sanctions disproportionnées lors d'actes de désobéissance civile.
Radio Fribourg: Il y a déjà beaucoup de droits démocratiques en Suisse. Pourquoi manifester est encore nécessaire?
Dans une démocratie directe, la manifestation reste un outil extrêmement précieux pour mettre des revendications à l'agenda politique, et ce, pour deux raisons. D'abord, il y a toute une partie des personnes vivant en Suisse, près d'un quart, qui ne peut pas participer à notre système politique, en tout cas au niveau fédéral, parce qu'elles n'ont pas la nationalité. La deuxième raison, c'est que pour investir le système de la démocratie directe, donc pour lancer une initiative ou un référendum, il faut de l'argent et un engagement politique soutenu. Et les manifestations, c'est des formes de protestation que tout le monde peut utiliser. On voit à cet égard que les jeunes pour le climat, par exemple, ont eu une influence fondamentale. C'est important que ces jeunes ne soient pas entravés dans leur capacité de manifester pour exiger des changements et ainsi influer sur la démocratie directe.
Vous éditez un guide pour manifester. Quelles sont les bonnes pratiques à avoir?
La première chose à faire est de prendre sa carte d'identité. S'il y a un contrôle, on évite ainsi d'être amené au poste. Il faut aussi préparer son itinéraire et aller manifester avec des personnes de confiance. Si on est confronté à des forces de l'ordre, il faut rester calme, observer les choses. On rappelle aussi toute une série de droits. Le droit international permet notamment de manifester sans autorisation. Ce n'est pas parce qu'une manifestation n'est pas autorisée, que les forces de l'ordre ont l'autorisation de la dissoudre.
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