Mathilde Gremaud: un film et un titre à défendre
She Who Flies. Un film sur la vie de Mathilde Gremaud, de la Berra aux sommets mondiaux du ski freestyle. Interview.
Ce lundi, le film sur Mathilde Gremaud "She Who Flies" sort sur Red Bull TV. Un mélange d'images d'archives, d'à-côtés de compétition et d'instants plus privés. Mathilde Gremaud l'a découvert une première fois avec son entourage fin octobre. Interview après la diffusion.
Mathilde, tu viens de voir pour la première fois ton film. C'est quoi le sentiment?
Je suis super contente. C'est assez fou d'avoir pu créer un film sur ma carrière, depuis le début jusqu'à maintenant.
C'est un film sur ta carrière de ski, mais pas que. Il y a aussi beaucoup de ta personne.
C'était aussi mon souhait de ne pas avoir que du ski, des résultats. Il y a aussi ma personne, mon caractère, les gens qui m'entourent: finalement tout ce qui me construit. Il n'y a pas que moi dans tout ce que je fais. Je suis soutenue par plein de monde, par ma famille.
On entend souvent que tu as commencé à skier à la Berra. Ce qu'on voit dans le film, c'est que tu le faisais déjà à la Berra, à côté du téléski!
C'est vrai qu'on l'a entendu mille fois, j'ai commencé à skier à la Berra! Mais j'ai aussi fait mes premiers sauts, mes premiers périlleux là-bas sur des petites bosses. Si je voyais les sauts maintenant, jamais de la vie je ne les referais!
À ce moment-là, c'était juste la seule option que j'avais. On allait chercher les pelles aux remontées, au mec qui donnait le tire-fesses. On lui disait qu'on la ramènerait une heure plus tard. Construire un saut, ramener la pelle, faire des backflips. C'est vraiment ce qu'on a fait dès le début!
Un peu nostalgique de cette période?
Non, pas du tout! Je pense qu'on a vraiment profité à 200%. J'allais skier avec mes parents, après deux pistes, j'étais là genre: "ok ciao! je vais skier avec mes potes, on va faire des backflips!" Je pense que c'est là que j'ai appris le plus. Sans ce passage-là, je ne serais pas arrivée là où je suis. Je ne suis pas nostalgique, je suis juste contente de l'avoir vécu.
Ta collègue Sarah Höfflin parle du "Olympic Blues" dans le film. Qu'est-ce que c'est?
Quand tu gagnes les Jeux, tu gagnes la plus grosse compétition du sport du monde. On est censé être content, et on l'est! Mais en même temps, c'est hyper, hyper intense. C'est dur à décrire pour quelqu'un qui ne l'a pas vécu. Des fois, j'ai l'impression d'avoir gagné la loterie, et en même temps de me plaindre du vide que je ressens après.
En 2022, c'était encore un peu un cran en dessous. On avait des Coupes du monde qui n'avaient pas trop d'importance aux yeux des médias. Aujourd'hui, ça prend l'ascenseur, surtout avec des bons résultats. Ça fait haut, bas, haut, bas! C'est un peu violent.
En gagnant les JO, tu as tous ces shots d'endorphine et d'autres molécules avec des noms compliqués. Mais à côté du ski, tu t'épanouis dans quoi?
Je crois qu'avec le temps, j'ai un peu appris à m'accorder des choses que les gens qualifieraient de "pas sérieux pour des athlètes", ou intégrer dans mon plan d'entraînement les activités qui me font du bien, qui me vident la tête, qui me font prendre l'air.
Ça peut être un puzzle! Si je veux le finir, et avoir cette satisfaction d'avoir mon image entière, il faut que je me concentre. J'aime juste pouvoir faire des tâches de A à Z. Et une fois que c'est fini, je suis contente. Je m'accorde aussi des moments chill où je ne fais rien, du canap'!
Pour revenir au sportif, les Jeux olympiques Milan-Cortina, tu vas pour y défendre ton titre.
C'est cool parce que tout le monde pose la question, tout le monde a envie de savoir et tout le monde s'en soucie. Je trouve que c'est assez motivant!
La saison passée, je n'ai pas beaucoup skié. Et ça m'a vraiment manqué. Je me réjouis de retrouver les pistes! Mais avant d'être aux Jeux Olympiques, il y a aussi plein d'étapes à franchir. Le but, c'est d'y être en un morceau, en bonne santé et motivée. Je vais juste faire en sorte que ce soit le cas. Je dois défendre mon titre, je peux défendre mon titre, j'espère avoir la chance de le faire et je me réjouis de le faire!


