"Je vote contre les extrémistes, pas contre le climat"

Plus de 10'000 personnes ont manifesté dans les rues de Berne samedi pour demander que la crise climatique soit prise au sérieux par le parlement. Pour cette première matinale électorale, Pierre-André Page, candidat UDC au Conseil des Etats, défend sa vision de la transition écologique.

Radio Fribourg: Pierre-André Page, est-ce que vous prenez le climat au sérieux?

Pierre-André Page: Oui, bien sûr. En tant que paysan, on s'occupe du climat, on travaille avec lui. Je pense qu'on est les premiers écologistes sur notre planète. On doit aussi défendre les intérêts des 8'990'000 personnes qui n'ont pas manifesté sur la Place fédérale ce week-end.

Alliance environnement, un regroupement entre Greenpeace, Pro Natura, le WWF et l'Association transports et environnement (ATE), a récemment fait paraître un "éco-rating". Dans ce classement des parlementaires les plus respectueux de l'environnement, vous êtes dernier: vous votez à 98% contre la protection du climat. Pourquoi?

Je ne vote pas contre la protection du climat, je vote contre les propositions extrémistes qui sont faites par les écologistes. Cela fait longtemps qu'on travaille pour le climat et la biodiversité dans l'agriculture. Ce qui est proposé à Berne est d'aller toujours plus loin, alors que j'estime, en tant que paysan, qu'on va déjà très loin. On a des lois sur la protection des animaux et de la nature qui sont parmi les plus strictes au monde. C'est pour cette raison que je suis toujours opposé aux positions extrêmes du WWF ou de Pro Natura qui essaient de mettre une pression au niveau de l'agriculture.

A chaque proposition des Vert-e-s ou de l'UDC, vous votez toujours l'un contre l'autre. Est-ce que ce ne serait pas le moment de dépasser ces querelles entre la gauche et la droite pour accélérer la transition écologique?

Oui, et c'est ce qui a été fait au travers d'une table ronde, notamment avec les Vert-e-s, pour parler d'énergie, du rehaussement des barrages par exemple. Des propositions ont été acceptées, mais ce sont des organisations en parallèle qui ont ensuite fait des oppositions. Si on se met autour d'une table et qu'un accord est trouvé, il doit être respecté.

Vous avez toujours refusé les taxes sur le CO2, sur les billets d'avion ou sur l'essence. Pourquoi cette position alors que les incitations ne vont peut-être pas suffire?

Avec l'augmentation des primes, du prix de l'essence et le pouvoir d'achat qui souffre, c'était important que la population suisse nous écoute et dise non à ces taxes. On sait que les incitations font effet. Je prends l'exemple des panneaux solaires: l'année dernière, la production solaire a augmenté d'un térawattheure. Elle va encore continuer à augmenter cette année alors que les incitations ne sont même pas encore en place. On a une population intelligente qui prend des mesures pour le climat sans avoir besoin d'être punie.

Quelles sont vos solutions pour sortir des énergies fossiles, puisque vous refusez l'obligation de mettre des panneaux sur les nouveaux bâtiments et vous avez voté contre l'accélération des parcs éoliens?

On ne peut pas arrêter l'énergie fossile aussi vite. Je viens d'une région rurale où nous avons des moteurs thermiques qui devront continuer à exister. On a voté une loi sur le climat pour mettre tout à l'électrique, mais nos responsables ont oublié qu'il faut produire assez d'électricité pour ça.

Donc le nucléaire?

Par exemple oui, avec le photovoltaïque et la biomasse. On ne peut pas tout mettre sur le dos du nucléaire, mais on doit avoir un mélange énergétique important en Suisse. Il faut garder ce ruban électrique. C'est pour ça que j'aimerais prolonger nos centrales le plus longtemps possible.

Écouter la matinale électorale complète: