Miser sur la géothermie profonde

Jon Mosar, professeur de géologie à l'UniFr, pense que la géothermie profonde pourrait répondre au futur manque d'énergie en Suisse.

Jon Mosar explique les avantages et difficultés de la géothermie profonde. © La Télé

Depuis mardi 12 avril, la Suisse vit à crédit sur le plan énergétique. Elle a puisé ses ressources internes et dépend dès lors de l'extérieur pour s'approvisionner en gaz, pétrole et uranium. La stratégie du Conseil Fédéral vise que d'ici 2050, un quart de la production de chaleur soit issue de la géothermie profonde, une énergie renouvelable et locale. Il s'agit du fait d'aller chercher la chaleur naturelle en sous-sol pour l'exploiter dans les foyers. Pour ce faire, l'Etat de Fribourg et Goupe E se sont unis pour créer, en 2019, l'entreprise GPFR SA.

"On est en train de préparer la campagne sismique, qui consiste à avoir des camions vibreurs qui vont faire vibrer le sol pour faire une sorte d'échographie du sous-sol. Les vibrations seront récupérées par des géophones qui nous transmettront l'information que l'on va interpréter", explique Laurent Scheurer, directeur de Géothermie profonde Fribourg SA. Ce procédé permet ensuite d'obtenir une vision en 3D du sous-sol de Fribourg.

Un long procédé qui en vaut la peine

"D'abord il faut mettre en place la structure géologique, faire les études préalables,  mettre en place la campagne sismique, obtenir toutes les autorisations et faire des demandes pour avoir des subventions", précise Jon Mosar, professeur de géologie à l'UniFr. On estime qu'il faut sept ans pour construire une centrale géothermique et un investissement de 60 à 70 millions de francs pour alimenter 3000 à 5000 ménages. "Il en faudra des centaines mais plus vous en faites moins cela coûte cher, car vous allez gagner en expérience et en infrastructure", ajoute-t-il.

Il est possible d'utiliser la géothermie profonde pour produire de l'électricité ou de la chaleur en continu, ce que ne peuvent pas faire les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques. La sismicité comporte toutefois des difficultés. Cette pratique peut perturber quelque peu l'équilibre du sous-sol et donc perturber des fractures existantes. La campagne sismique sert à limiter ces risques.

Malgré la création de forages, ce procédé reste une alternative écologique. "Il faut de l'énergie pour construire les forages mais à priori c'est peu par rapport à ce que vous en sortez et l'idée est d'exploiter le forage au moins sur 50 ans", précise Jon Mosar.

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La Télé - Camille Tissot / Adaptation web: Adèle Castella
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