La recette des Bleus

Une attaque efficace, une solidarité parfaite, des tuteurs efficaces et un sélectionneur fédérateur. C'est le cocktail gagnant des Bleus finalistes dimanche contre l'Argentine.

Didier Deschamps, sélectionneur de la France, a su adapter sa recette pour emmener son équipe pour la deuxième fois consécutive en finale de la Coupe du monde. © KEYSTONE/AP/Hassan Ammar

Des cadres et "moins de fous"

Neuf minutes après le coup d'envoi de leur Coupe du monde, les Bleus ont encaissé un premier but et perdu leur défenseur Lucas Hernandez, gravement blessé. Mais ils ont renversé l'Australie (4-1) sans paniquer grâce, notamment, à un doublé d'Olivier Giroud.

Avec le buteur de 36 ans, ils sont neuf champions du monde 2018 encore en lice au Qatar et leur apport est inestimable, selon Youri Djorkaeff. "En 2022, il y a une continuité, une vraie expérience des cadres et ça se sent", "ils donnent la direction", souligne l'ancien international, champion du monde 1998.

Pour Ousmane Dembélé, "2018 c'était autre chose... Il y avait plus de fous dans l'équipe!". A l'époque, la finale contre la Croatie (4-2) était "la première depuis vingt ans, ce n'est pas pareil. Il y a beaucoup plus de calme, d'expérience, on sent qu'on l'a vécu en 2018".

Après la demi-finale il y a quatre ans (contre la Belgique, 1-0), "on était un peu plus euphoriques", se souvient-il. "Je pleurais", a aussi raconté Antoine Griezmann, alors que cette fois, "au lieu de fêter la finale, on a les pieds sur terre".

Entraide générationnelle

"Il y a un noyau dur de joueurs plus expérimentés", avec "une grande complémentarité dans l'approche du match", a relevé le capitaine Hugo Lloris.

Mais "il y a aussi des jeunes joueurs qui répondent très bien, qui amènent leur insouciance, leur talent. Cela fonctionne très bien. Pourquoi? Certainement parce qu'il y a beaucoup de respect entre les uns et les autres".

A 23 ans, Youssouf Fofana a pointé le rôle protecteur des plus anciens, désireux de prodiguer des conseils sans apparaître trop écrasants.

"Les plus expérimentés nous laissent une sorte de liberté d'expression, une liberté d'échec. Ils ne sont pas sur notre dos 24 heures sur 24, et ça suscite le respect. Du coup quand ils disent A, tout le monde fait A. Et si un jeune fait B, ils disent "C'est pas grave la prochaine fois, fais A", a raconté le Monégasque, arrivé au Qatar avec deux petites sélections dans les bagages.

Solidarité et souffrance

La mayonnaise a semble-t-il bien pris entre les générations, et cela se perçoit sur le terrain.

"Le secret? La solidarité, encore une fois", a remarqué Jules Koundé après la demie contre le Maroc (2-0). "On est une équipe qui sait souffrir".

Adrien Rabiot a tenu le même discours après le quart difficile contre l'Angleterre (2-1). La différence s'est faite sur "notre capacité de résilience". Dans la difficulté, "on n'a jamais lâché. (Il y a) cette unité, cette solidarité entre nous depuis le départ".

Menace diffuse

Contre l'Angleterre, la libération est venue d'un rare ballon parvenu jusqu'à l'avant-centre Olivier Giroud, 36 bougies et 118 sélections ce jour-là, après un premier but inscrit par le milieu défensif Aurélien Tchouaméni, 22 ans et une vingtaine de sélections.

Au total, si l'on excepte la défaite contre la Tunisie (1-0) avec les remplaçants, l'équipe-type a inscrit 13 buts en 5 matches, soit 2,6 buts par match en moyenne, avec six buteurs différents venus de tous les compartiments du jeu.

Il y a eu le défenseur très offensif Theo Hernandez, les milieux Rabiot et Tchouaméni, les attaquants Giroud et Kylian Mbappé, puis pour finir le remplaçant Randal Kolo Muani, contre le Maroc, 44 secondes après son entrée en jeu.

La clé? Deschamps

Ce groupe robuste porte la marque de Didier Deschamps. Le sélectionneur, affaibli par l'élimination en huitièmes de finale de l'Euro en 2021, a prouvé qu'il tenait toujours la barre.

"On était un peu dans le brouillard après l'Euro et Didier a fait un super virage, un super travail. Il est en phase avec son groupe, ses leaders, et ça se voit", constate Djorkaeff. "Deschamps a compris ses joueurs, il arrive à ce que chacun donne le maximum", appuie David Trezeguet, sacré avec lui en 1998 et 2000.

"C'est un meneur d'hommes qui arrive à fédérer, à mettre les joueurs dans les meilleures conditions, à faire jouer ses équipes de la meilleure des façons", s'enthousiasme Luis Fernandez. Beaucoup l'ont "critiqué" après l'Euro, "mais il a réussi à retourner la situation".

ATS
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