Murat Yakin conserve son totem

Bien sûr, il y a la réalité implacable des chiffres: deux nuls et quatre défaites en six matches. Mais le parcours automnal de l'équipe de Suisse en Ligue des Nations ne condamne pas Murat Yakin.

Murat Yakin reste l'homme de la situation © KEYSTONE/EPA/LAURENT GILLIERON

Porté au pinacle après l'Euro pour s'affirmer à juste titre comme le plus grand sélectionneur suisse de tous les temps, Murat Yakin n'a pas perdu son totem d'immunité avec cette relégation en Ligue B.

Le Bâlois peut avancer, en effet, bien des circonstances atténuantes avec un arbitrage défaillant, le poids des absences et, aussi, le manque d'implication de ses deux leaders Manuel Akanji, hors de son sujet en octobre, et Granit Xhaka, sans grand venin en novembre. Le défenseur et le capitaine ont sans doute payé les cadences infernales auxquelles ils ont été soumis depuis quinze mois.

"Une relégation ne sera pas dramatique", avait affirmé Murat Yakin avant ce dernier rassemblement de l'année. Lundi soir à Tenerife, il a rappelé que la Suisse aurait sans doute connu la même infortune il y a quatre ans si elle n'avait pas gagné sur le tapis vert son dernier match contre l'Ukraine. Cette petite pierre dans le jardin de son prédécesseur rappelle combien le statut de l'équipe de Suisse est fragile. Sa place dans le top 12 européen a toujours tenu à un fil.

Deux qualités essentielles

Mais fort heureusement, cette place est toujours assurée malgré la relégation en Ligue des Nations. Elle offrira à la Suisse un rang de tête de série pour le tirage au sort du tour préliminaire de la Coupe du monde 2016 qui aura lieu le 13 décembre à Zurich. L'idée de ne pas se qualifier pour cette première Coupe du monde à 48 équipes qui assurera des revenus extraordinaires à ses participants hante les nuits des responsables de l'Association Suisse de Football (ASF).

Ceux-ci demeurent toutefois convaincus que Murat Yakin reste l'homme de la situation. Même si sa gouvernance ne colle pas vraiment au profil d'un entraîneur moderne, il possède deux qualités essentielles: un flair certain et cette faculté d'entraîner derrière lui les fans de tout le pays, de Genève à Romanshorn. Qui n'a jamais succombé au charme de l'ancien capitaine du FC Bâle lève la main...

D'ici les trois coups de cette nouvelle campagne qui seront donnés à la fin mars, Murat Yakin se retrouve devant deux grands chantiers. Il doit trouver le partenaire idéal de Manuel Akanji dans l'axe central de sa défense à quatre.

Lors de ce rassemblement de novembre, Eray Cömert et Aurèle Amenda ont marqué quelques points. Mais avec Ricardo Rodriguez, qui, lundi, aura attendu sa...125e sélection pour jouer une première fois défenseur axial dans une ligne de quatre, et avec Denis Zakaria qu'il tient vraiment voir embrasser un tel rôle, le sélectionneur dispose de deux alternatives moins "risquées".

Joël Monteiro le facteur X

L'animation offensive est l'autre chantier à explorer ces prochains mois. "Nous devons gagner en efficience", souligne Murat Yakin. Si l'on considère que Breel Embolo, Zeki Amdouni et Dan Ndoye sont incontournables, il ne reste plus qu'une place pour un joueur offensif dans le 4-2-3-1 de Murat Yakin.

Ruben Vargas, buteur lors du huitième de finale de l'Euro contre l'Italie, Fabian Rieder et Simon Sohm, qui a montré des choses intéressantes lundi contre l'Espagne dans son rôle de 9,5, peuvent nourrir des ambitions légitimes. Pour n'avoir pas vraiment saisi la chance qui leur était offerte lundi, Filip Ugrinic, surtout, et Dereck Kutesa partent de plus loin.

Mais on a le sentiment que Joël Monteiro a mis tout le monde d'accord. Qualifiée de "magnifique" par Murat Yakin, son introduction après la pause contre l'Espagne a vraiment marqué les esprits. Auteur d'un doublé contre Galatasaray lors du tour préliminaire de la Ligue des Champions, le Valaisan des Young Boys s'avance comme l'homme des grands rendez-vous. Cela tombe bien dans la mesure où l'équipe de Suisse n'en manquera pas.

ATS
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