Une nuit au coeur de Nez Rouge

En décembre, l'association se charge de ramener les automobilistes chez eux, de 22h à 5h du matin. Récit.

Dans le canton de Fribourg, l'opération est coordonnée depuis le centre d'appel de Granges-Paccot. © Frapp

Il est 22h30 quand retentit le premier appel à la centrale de Granges-Paccot. La téléphoniste décroche, avant de remplir le formulaire de contact sur son ordinateur. Après plusieurs minutes de conversation perturbée par la connexion instable de l'appelant, elle peut enfin donner le top départ aux chauffeurs. 

Mauvaise nouvelle, les deux bénévoles qui se sont rendus à l'adresse indiquée par le client reviennent bredouille. Une fois devant le domicile, celui-ci n'a pas répondu aux quatre appels consécutifs lancés par les deux garçons pour prévenir qu'ils arrivaient. Il n'y a plus qu'à attendre le prochain coup de téléphone. Apparemment, ce n'est pas une situation courante. "C'est la première fois que ça m'arrive. En principe, les clients sont toujours présents quand on vient les chercher", s'étonne Yannick, chauffeur bénévole.

Nous y sommes

Quarante-cinq minutes plus tard, il est l'heure de repartir. Or, cette fois, c'est un second binôme qui s'en charge. Après plusieurs minutes bercées au son du GPS et des pavés de la Basse-ville de Fribourg, les voilà enfin arrivées au parking sur lequel un jeune couple les attendent. Les détails administratifs réglés, l'une des deux conductrices se faufile devant le volant, prête à ramener les amoureux à la maison.

La seconde bénévole, elle, retourne dans sa voiture. Elle suivra le convoi jusqu'à destination, afin de rapatrier sa collègue à la centrale. Durant le trajet, le garçon assis sur le siège passager fait part de son intérêt pour l'association. "J'aimerais, à l'avenir, m'inscrire également en tant que bénévole. C'est un service plus qu'utile auquel j'aimerais apporter ma contribution", explique-t-il après une soirée arrosée.

Une envie partagée 

Une fois la course effectuée, les deux chauffeuses prennent le temps de fumer une cigarette avant de repartir en direction de Forum Fribourg, pour rapatrier un jeune client à Corminboeuf. Après quelques minutes de trajet, à l'abri du froid glacial, le voilà arrivé à bon port, devant son garage. "Nez Rouge nous offre une grande liberté lors de nos soirées, notamment en période de fêtes. J'en profite maintenant, et je me dis qu'à l'avenir, je pourrais aussi faire ma partie du travail en devant chauffeur à mon tour", témoigne-t-il.

Après la course, il dégaine son téléphone portable pour twinter de l'argent en guise de don. "L'argent offert par les clients sont la principale source de revenu pour l'association", expliquait le responsable véhicule, Sébastien Francey, plus tôt dans la soirée.

Changement d'ambiance

Il est déjà 2h du matin quand les deux conductrices regagnent le centre d'appel. Désormais, c'est le coup de feu. À l'intérieur, les sonneries résonnent sans relâche. "Pour Bulle, une heure d'attente", résume Élodie, une bénévole. Malgré les appels qui affluent, les téléphonistes ne se démontent pas. Chaque client sera desservi, et cela, jusqu'à 5h du matin, aucun problème. Quitte à devoir attendre un peu. En effet, chacun redouble d'effort pour palier la pénurie de bénévoles. À titre d'exemple, Nez Rouge n'en comptait que 22 le soir du Nouvel An en 2022, contre 50 avant le Covid.

Il s'agit du deuxième week-end d'activité, avant que toute l'équipe se mobilise du 21 au 31 décembre. Lors du réveillon, les bénévoles se chargeront de faire voir, au maximum de personnes, le premier aurore de 2024 en toute sécurité.

Les images de la soirée:

Frapp - Théo Charrière
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