Nobel de littérature à un écrivain hongrois

Le prix Nobel de littérature 2025 a été attribué jeudi à l’écrivain hongrois Laszlo Krasznahorkai, 71 ans. L’auteur a été récompensé "pour son œuvre fascinante et visionnaire qui, au milieu d’une terreur apocalyptique, réaffirme le pouvoir de l’art", selon le jury.

L’écrivain hongrois László Krasznahorkai a gagné le Nobel de littérature jeudi à Stockholm. © KEYSTONE/AP/Matt Dunham

Souvent qualifié de "maître de l’apocalypse", Laszlo Krasznahorkai est récompensé vingt-trois ans après que son compatriote Imre Kertesz (1929-2016). Né en 1954 à Gyula, près de la frontière roumaine en Transylvanie, il a grandi dans une famille de juristes avant de quitter la Hongrie en 1987 pour s’installer à Berlin.

La chute du rideau de fer l’amène à voyager dans le monde entier, lit-on dans Le Monde. Ce lecteur de Kafka, Melville, Gogol ou Beckett effectue ainsi de longs séjours en Asie dans la décennie 1990. Après avoir longtemps nomadisé et vécu dans la capitale allemande, il s’est un temps établi à Trieste (Italie) afin de fuir l’atmosphère créée par le régime du dirigeant hongrois Viktor Orban.

Son premier roman, "Satantango", paraît en 1985. Il ne sera traduit en français qu’en 2000, chez Gallimard, sous le titre "Le Tango de Satan". L’année suivante, il publie un recueil de nouvelles, puis écrit le scénario du film "Karhozat" (La Damnation), réalisé par Béla Tarr.

Sont ensuite parus en français "Seiobo est descendu sur terre" (2018), "Le Baron Weckheim est de retour" (2023) et "Petits travaux pour un palais" paru en hongrois en 2018 et en français (Cambourakis, 2024).

"Un grand écrivain épique"

L’Académie souligne que Krasznahorkai est "un grand écrivain épique dans la tradition d’Europe centrale, qui s’étend de Kafka à Thomas Bernhard, caractérisé par l’absurde et le grotesque". Elle ajoute qu’il explore également des tonalités plus contemplatives et précises en s’inspirant de l’Orient.

Reconnu pour son style exigeant, avec de longues phrases et peu de paragraphes, il décrit lui-même son écriture comme "la réalité examinée jusqu’à la folie". Ce style lui a valu d’être qualifié d’"obsessionnel".

Cet opposant à la société communiste autant qu’au "monde d’après" est surtout lu en Allemagne, où il a longtemps vécu, ainsi qu’en Hongrie, où il est considéré comme l’un des auteurs contemporains les plus importants.

L’an dernier, l’écrivaine sud-coréenne Han Kang avait reçu le prix, devenant la première femme asiatique distinguée. Depuis sa création, le Nobel de littérature reste majoritairement décerné à des hommes et à des auteurs occidentaux, avec seulement 18 femmes parmi les 122 lauréats et une minorité d’auteurs issus de langues asiatiques ou moyen-orientales.

Le prix comprend un diplôme, une médaille et une récompense financière de 11 millions de couronnes suédoises, soit environ un million d’euros.

ATS
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