Nouveaux raids israéliens meurtriers à Gaza
Israël a mené dimanche de nouvelles frappes sur la bande de Gaza. Le bilan des victimes palestiniennes continue de s'alourdir depuis la fin de la trêve avec le Hamas, au milieu d'appels de plus en plus pressants à protéger les civils.

Tout au nord de Gaza, le long de la frontière avec Israël, l'armée israélienne a mené dimanche des frappes aériennes suivies de tirs d'artillerie. Engagée dans une offensive terrestre depuis le 27 octobre dans le nord de Gaza, l'armée a multiplié également les raids aériens dans le sud de ce territoire où des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés par le conflit.
Elle a dit samedi avoir conduit plus de 400 frappes sur Gaza en près de 48 heures, la région de Khan Younès (sud) ayant été particulièrement ciblée. Et dimanche, elle a twitté avoir "éliminé cinq terroristes" et visé "des puits de tunnels terroristes, des centres de commandement et des lieux de stockage d'armes" du Hamas.
Ordres d'évacuation
D'après l'ONU, les ordres d'évacuation de l'armée aux Palestiniens avant des frappes ont concerné samedi un quart de la bande de Gaza. Pour l'ONG Norwegian Refugee Council, ces ordres, "sans garanties de sécurité ou de retour", sont "équivalents à un transfert forcé de population".
Israël a juré de détruire le Hamas après l'attaque du 7 octobre qui a fait 1200 morts, en majorité des civils, tandis que quelque 240 personnes avaient été enlevées et emmenées à Gaza, selon les autorités israéliennes.
Les bombardements israéliens de représailles sur Gaza ont fait 15'523 morts, "à 70% des femmes et des enfants", depuis le début de la guerre, selon le gouvernement du Hamas. Un porte-parole de ce gouvernement a par ailleurs affirmé que les attaques israéliennes ont fait 700 morts ces dernières 24 heures dans l'enclave. Un chiffre impossible à vérifier de manière indépendante.
Tirs de roquettes
Dimanche, le Hamas et le Jihad islamique ont comme la veille annoncé de nouveaux tirs de roquettes en direction d'Israël. La plupart des engins sont interceptés par le système de défense anti-aérien israélien.
Les autorités israéliennes ont par ailleurs annoncé la mort de deux soldats tués lors des opérations terrestres, portant à 398 le nombre de soldats tués depuis le 7 octobre.
"En étendant nos opérations militaires, nous remplissons deux objectifs. Premièrement, nous frappons le Hamas, éliminons plus de terroristes, de commandants, d'infrastructures terroristes, (...) et nous créons les conditions pour forcer (le Hamas) à payer un lourd tribut: la libération des otages", a déclaré le ministre de la Défense Yoav Gallant.
Le Royaume-Uni a lui annoncé son intention de mener des vols de surveillance au-dessus d'Israël et de Gaza pour aider à localiser les otages, dont certains sont britanniques.
"Prix à payer"
D'après l'armée, 137 otages sont toujours aux mains du Hamas ou de groupes affiliés, après la libération pendant la trêve d'une centaine d'otages en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré samedi que la guerre se poursuivrait. "Il n'y a pas d'autres moyens de gagner qu'en continuant notre campagne terrestre", a-t-il dit.
En face, le numéro deux du bureau politique du Hamas, Saleh al-Arouri, a déclaré: "le prix à payer pour la libération des prisonniers sionistes sera la libération de l'ensemble de nos prisonniers, après un cessez-le-feu".
Protéger les civils
Sans remettre en cause le droit de son allié "de se défendre", les Etats-Unis ont mis en garde Israël la multiplication des victimes civiles à Gaza. "Trop de Palestiniens innocents ont été tués" a insisté la vice-présidente américaine Kamala Harris depuis Dubaï, s'alarmant d'images "dévastatrices" de Gaza et appelant Israël à "faire plus pour protéger les civils innocents".
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a toutefois estimé dimanche qu'Israël "fai(sait) des efforts" pour minimiser les pertes civiles à Gaza. "Il n'y a pas beaucoup d'armées modernes qui feraient ça", a-t-il affirmé sur la chaîne ABC.
Les belligérants se renvoient la responsabilité de la fin de la trêve. Benjamin Netanyahu a accusé le Hamas d'avoir "violé l'accord" en "tirant des roquettes" vers Israël. Le mouvement islamiste, qui a revendiqué une attaque à Jérusalem fatale à quatre Israéliens, a de son côté accusé Israël d'avoir imposé de nouvelles conditions aux libérations des otages, dont les militaires israéliens.
"Du sang sur les mains"
Samedi soir, des centaines de personnes, dont des ex-otages récemment relâchées, ont manifesté à Tel-Aviv pour demander la libération instante de tous les captifs restant à Gaza.
Lors d'un autre rassemblement à Tel-Aviv, des centaines de personnes ont parallèlement protesté contre Benjamin Netanyahu. "Il affaiblit notre pays", a déclaré une manifestante, "l'horrible massacre du 7 octobre est notre prix et il a du sang sur les mains".
Aide humanitaire
Dans la bande de Gaza, le Croissant-Rouge palestinien a reçu samedi des premiers "camions d'aide" depuis vendredi, via le terminal égyptien de Rafah. D'après l'ONU, 880 étrangers et binationaux ont aussi été évacués via Rafah en Egypte, ainsi que 13 blessés.
Les besoins sont immenses dans la bande de Gaza soumise à un "siège complet" par Israël depuis le 9 octobre, alors que 1,8 million de personnes - sur 2,4 millions d'habitants - ont été déplacées par la guerre d'après l'ONU.
Le commissaire de l'ONU pour les droits humains, Volker Turk, a jugé que les ordres d'évacuation donnés par Israël aux Gazaouis faisaient que "des centaines de milliers de personnes se retrouvent confinées dans des zones de plus en plus petites". Il s'inquiète du manque d'eau, de nourriture, de soins, d'autant qu'il n'y a selon lui "pas d'endroit sûr à Gaza".