Frappes meurtrières à Gaza

Israël a poursuivi ses frappes sur la bande de Gaza et tué plus de 120 Palestiniens en 24 heures, a indiqué dimanche le Hamas. Cela avant une nouvelle mission du secrétaire d'Etat Antony Blinken au Moyen-Orient pour soutenir les tractations en vue d'une trêve.

Gaza (ici une mère ayant perdu son enfant) a connu une nouvelle nuit infernale. © KEYSTONE/AP/Fatima Shbair

Alors que la guerre entrera mercredi dans son cinquième mois, l'armée israélienne a de nouveau bombardé Khan Younès, dans le sud du territoire où selon elle se cachent des responsables du mouvement islamiste palestinien.

Elle a affirmé y avoir investi un complexe utilisé par le Hamas pour préparer l'attaque sanglante du 7 octobre. Il a selon l'armée servi de centre d'entraînement pour le Hamas, avec des maquettes d'entrées de kibboutz, de bases militaires et de véhicules blindés israéliens.

Toujours selon l'armée, Mohammad Sinouar avait un bureau dans ce bâtiment. Ce haut commandant de la branche armée du Hamas, les Brigades al-Qassam, est le frère de Yahya Sinouar, le chef du mouvement islamiste dans la bande de Gaza et considéré comme la tête pensante de l'attaque du 7 octobre.

La Croissant-Rouge palestinien a dénoncé les "signes alarmants d'une catastrophe humanitaire à l'hôpital al-Amal", encerclé depuis 14 jours.

Selon un journaliste de l'AFP, des frappes aériennes ont également visé Rafah, plus au sud, touchant un jardin d'enfants d'après le Hamas. Dans cette ville qui comptait 270'000 habitants avant la guerre s'entassent désormais selon l'ONU plus d'1,3 million de personnes ayant fui les combats qui ont dévasté le territoire assiégé.

Objectif Rafah

Les craintes s'amplifient face à une possible offensive militaire contre cette ville surpeuplée, située à la frontière fermée avec l'Egypte et où la situation humanitaire est désastreuse d'après plusieurs ONG.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré que l'armée avait détruit la majorité des "bataillons" du Hamas. "La plupart de ceux qui restent sont dans le sud de la bande de Gaza et à Rafah, et on va s'en occuper", a-t-il ajouté.

"La pression sur le Hamas fonctionne", a affirmé pour sa part le ministre de la Défense Yoav Gallant, après avoir assuré cette semaine que Rafah était le prochain objectif militaire.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas et a lancé une offensive militaire qui a fait 27'365 morts, en grande majorité des civils, selon un bilan dimanche du ministère de la Santé du mouvement.

Les combats au sol restent acharnés et l'armée a annoncé dimanche la mort d'un soldat. Le bilan des pertes israéliennes s'établit à 225 militaires depuis le début de sa campagne terrestre fin octobre dans le nord du territoire palestinien.

Pas de déplacements forcés

Sur le front diplomatique, des tractations se poursuivent pour parvenir à une seconde trêve, après celle d'une semaine fin novembre quand une centaine d'otages retenus à Gaza avaient été échangés avec des Palestiniens détenus par Israël.

Quelque 250 personnes ont été enlevées le 7 octobre, selon Israël, et 132 otages sont toujours retenus à Gaza. Parmi eux, 27 ont été déclarés morts par l'armée.

Antony Blinken, dont le pays est le principal soutien d'Israël, devrait quitter dimanche Washington pour le Moyen-Orient pour soutenir ces tractations. Il doit se rendre au Qatar, en Egypte, en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite.

Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, également en tournée régionale pour oeuvrer "en faveur d'un cessez-le-feu", a rencontré dimanche au Caire le président égyptien Abel Fattah al-Sissi et son homologue Sameh Shoukry.

Paris refusera tout "déplacement forcé" de la population de Rafah vers l'Egypte, un mouvement qui pourrait créer de nouveaux réfugiés palestiniens, a-t-il souligné.

M. Séjourné a ensuite été reçu par son homologue jordanien, Ayman Safadi, qui a souligné "la nécessité de lancer une action internationale immédiate et efficace" pour un cessez-le-feu. Le risque d'une extension de la guerre à la région "augmente chaque jour", a-t-il prévenu.

A Beyrouth, un responsable du Hamas, Oussama Hamdane, avait jugé samedi prématuré de parler d'un accord sur une trêve. Le projet élaboré par les médiateurs qatari, américain et égyptien à Paris fin janvier est "un accord-cadre qui a besoin d'être étudié" par le mouvement palestinien, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, a-t-il dit.

Selon une source du Hamas, la proposition prévoit notamment une trêve de six semaines avec la libération de 35 à 40 otages en échange de 200 à 300 détenus palestiniens.

"Amis américains"

Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, exige un cessez-le-feu total. Ce que refuse Benjamin Netanyahu malgré la pression des familles des otages qui manifestent quasi-quotidiennement pour demander la libération de leurs proches.

Avant l'arrivée de M. Blinken, le Premier ministre a salué l'appui de ses "amis américains" dans la guerre, soulignant leur "soutien en termes d'armements, soutien pour les institutions internationales, envoi de troupes dans la région...".

Le nord d'Israël est aussi visé quotidiennement depuis la frontière avec le Liban, fief du Hezbollah libanais. L'armée israélienne a indiqué dimanche avoir détruit des sites d'où selon elle le mouvement chiite, un des alliés régionaux du Hamas, avait lancé des missiles, et des postes d'observation du Hezbollah dans le sud du Liban.

ATS
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