"On a une grande capacité d'adaptation dans l'agriculture"

A l'occasion de la journée internationale des femmes, rencontre avec une agricultrice gruérienne, Sarah Wicht.

Sarah et ses parents élèvent une cinquantaine de vaches laitières. © RadioFr.

"C'est un métier d'hommes, mais on a aussi notre place et des choses à y apporter." Pour Sarah Wicht, 23 ans, soulever un sac de 50 kg ou déplacer une vache de 600 kg - des tâches du quotidien - ce n'est pas la même affaire pour un agriculteur qu'une agricultrice. "On ira chercher un chariot, et on négociera notre approche différemment." En d'autres termes, les femmes s'adaptent et font aussi évoluer la manière de pratiquer le métier.

Mais Sarah n'a pas toujours imaginer reprendre l'exploitation familiale, située à Ruyeres-Trefayes. Elle a d'abord fait une formation de mécanicienne de production. Avant de réaliser qu'en fait, elle préférait s'occuper des vaches et surtout des veaux.

On ne fait pas ce métier pour ça

Son CFC d'agricultrice en poche, elle travaille désormais aux côtés de ses parents. Des journées de 10 à 11 heures par jour. "Mon père, c'est encore plus" constate la Gruérienne. Notamment en raison de la charge administrative, toujours plus importante qui pèse sur les exploitants. "A la base, on ne fait pas ce métier pour ça, souligne la jeune femme, Et on n'a pas forcément les moyens d'engager une secrétaire." Grâce à la mobilisation paysanne actuelle, elle espère une prise de conscience sur ce point notamment.

Elle souhaite aussi que la population comprenne mieux la situation des paysans et leurs revendications pour des prix plus rémunérateurs, par exemple sur le lait.

Un métier d'avenir

Et puis elle lance aussi un message. La solidarité envers le monde de la terre, ça passe aussi par le respect ! Il y a quelques mois, le taureau de la ferme Wicht est mort, après avoir avalé un corps étranger. Et plus récemment, l'agricultrice a ramassé une dizaine de cannettes et autres bouteilles en PET aux bords de l'exploitation, jetés là par des indélicats. Avis à bon entendeur !

Sarah envisage malgré tout le futur avec confiance. "Notre capacité d'adaptation est grande, que ce soit vis-à-vis de la météo et des besoins des consommateurs. Peut-être que ma manière d'exploiter changera au fil des années, mais je suis persuadée que l'agriculture a de l'avenir."

Et concernant plus particulièrement les femmes dans ce métier, il y a aussi des progrès. En 2022, un tiers des conjoints et surtout conjointes d'exploitants, travaillant avec eux, ne touchaient pas de salaire déclaré. Mais avec la réforme agricole récemment adoptée, la protection sociale des femmes de paysans va s'améliorer. Et puis "les personnes concernées sont davantage sensibilisées à la problématique", se réjouit Sarah Wicht.

RadioFr. - Sarah Camporini
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