"Chaque jour, on peut être qui on veut"

Les élèves de l'Ecole de couture de Fribourg ont présenté leurs créations début avril. Tanja Stricker, en 3e année, s'inspire de la nature.

La mode selon Tanja: le confort d'un salopette asymétrique et l'élégance d'une robe aux lignes épurées © photographe Aldo Ellena

Tanja Stricker, 24 ans, est en 3e année à l’École de couture de Fribourg. Sa pièce fétiche est une salopette. Pas la classique en jean que tout le monde porte, mais celle qu'elle a réalisée pour le défilé, asymétrique comme elle aime et en tissu type "training des années 80". Parce que le style, c'est important, mais le confort aussi.

C'est en tombant sur des vieilles chemises que son père voulait jeter qu'elle s'est intéressée à la couture. Les imprimés lui plaisent. Elle les utilise donc pour en faire des tops. C'est là qu'elle se rend compte que confectionner ses propres vêtements lui plait beaucoup, contrairement aux études de psychologie "beaucoup trop théoriques" qu'elle a entamées.

La jeune femme entend alors parler de l’École de couture. Elle se présente à l'examen d'entrée et elle est prise. Il faut croire qu'elle possède un certain talent puisque sur les 50 candidats qui postulent chaque année, 12 seulement sont sélectionnés.

De l'audace et de la liberté

Les trois volées de l'établissement ont présenté, entre fin mars et début avril, leur collection complète à l'Aula Magna de l'Université de Fribourg, devant plusieurs centaines de personnes. "Vintage-New", "Tradition - Futurisme", "Masculin - Féminin", "Rêve - Réalité", "Symétrique - Asymétrique" ou encore "Artificiel - Naturelle", ce sont quelques-unes des 12 déclinaisons choisies autour du thème "Kontrast /Contraste", défini pour cette édition 2022 du défilé.

De son côté, Tanja ne s'habille qu'en seconde main. Elle ne se pose donc pas la question de savoir si elle prend des vêtements chez les hommes ou chez les femmes. "Je préfère les habits amples et pas forcément genrés", précise-t-elle. "De temps en temps, je peux aussi porter une robe très élégante. Ce qui me plaît, c'est que chaque jour, on peut être un peu qui on veut !".

C'est ainsi un véritable show qui se met en place, comme le décrit Thierry Dafflon, enseignant dans l'établissement. Un spectacle chorégraphié qui montre l'audace et la liberté de ces jeunes créateurs. "Ils ont une fluidité avec ces questions-là, c'est très intéressant. Et puis, pour leur génération, la base, ça va être le recyclage des matières, des fils."

Tania Stricker dans sa robe bleu glacier sur le thème "Rêve - Réalité Photo:Aldo Ellena

La nature source d'inspiration

Tanja s'inspire énormément de la nature pour ses créations. Pour elle, il s'agit même d'une évidence. Elle adore l'eau, elle défile avec des chaussures surmontées de plexiglas qui rappellent justement cet élément. Pendant le défilé, elle porte notamment une robe bleu glacier très épurée, un manteau en filet sur lequel sont accrochées des bouteilles en PET et des sacs en plastique.

La symbolique est assez claire ! Les préoccupations environnementales sont omniprésentes. "Il y a un engagement", se réjouit Thierry Dafflon. "On ne fait pas ça uniquement pour faire joli. Il y a un discours de fonds, une vraie prise de conscience."

Tanja utilise d'ailleurs déjà beaucoup de tissus récupérés en brocante ou en friperie. Elle aimerait continuer à réaliser ses créations avec ce genre de matériau. Et pourquoi pas créer sa petite entreprise "pour que je puisse faire vraiment ce qui me plaît", conclut la jeune femme.

RadioFr. - Sarah Camporini
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