L'ONU "très inquiète" sur le Tigré

La Haute commissaire de l'ONU, dénonce les revers des droits humains "les plus vastes et graves" qu'elle ait jamais observés.

La Haute commissaire des droits de l'homme Michelle Bachelet est "très inquiète" de la poursuite des violations des droits humains au Tigré et dans plusieurs régions dans plusieurs pays (archives). © KEYSTONE

Au Tigré, le Haut-Commissariat et la commission éthiopienne termineront leur investigation sur les violations des droits humains, dans le nord de l'Ethiopie, en août, a annoncé Mme Bachelet. Des "indications crédibles" montrent que les soldats érythréens sont toujours présents au Tigré et poursuivent des violations des droits humains et du droit international humanitaire (DIH), a-t-elle dit au début du Conseil des droits de l'homme.

Plus largement, des exécutions extrajudiciaires et des arrestations et détentions arbitraires continuent dans cette zone, selon elle. Alors que des législatives avaient lieu lundi en Ethiopie, la situation au Tigré constituera l'une des questions centrales des plus de trois semaines de travaux de l'instance onusienne. Deux résolutions sont attendues.

L'ONU a récemment estimé que 350'000 personnes sont menacées de famine. Il y a quelques mois, elle avait affirmé que de possibles crimes contre l'humanité et crimes de guerre avaient notamment été perpétrés par les armées éthiopienne et érythréenne. Autre inquiétude, les tensions augmentent dans le reste du pays et Mme Bachelet appelle au dialogue.

"Graves revers" pour les droits humains

A Hong Kong, en un an depuis l'approbation controversée de la loi sécuritaire, plus de 100 personnes ont été arrêtées en raison de ce dispositif. Plus de 50 ont été poursuivis. Alors que le premier procès est attendu cette semaine, la Haute commissaire mentionne un "test" pour les autorités de la région pour leur volonté d'honorer leurs obligations internationales. Elle souhaite aussi pouvoir se rendre au Xinjiang, où la Chine a interné plus d'un million de membres de la minorité ouïghoure, cette année.

En Russie, Mme Bachelet s'est dite "consternée" après les restrictions contre les libertés fondamentales. Notamment après la décision de justice de faire de l'organisation de l'opposant Alexeï Navalny une institution "extrémiste", lui interdisant de se présenter aux législatives de septembre.

Le Haut-Commissariat continue également de recevoir des indications de violations des droits humains et de la torture au Bélarus. Et Mme Bachelet est très inquiète du récent coup d'Etat au Mali.

Plus largement, Mme Bachelet a déploré que les 15 ans de l'instance onusienne soient célébrés "dans une période de graves revers pour les droits humains". La pauvreté extrême, les inégalités et l'injustice augmentent. Les revers sont même "les plus vastes et les plus graves" que la Haute commissaire ait jamais vus.

Dans un rapport pour le Conseil, elle relève notamment que les minorités devront être mieux protégées à l'avenir pour faire face à la prochaine pandémie. Les bureaux de droits humains de l'ONU dans certains pays avaient répondu aux défis du coronavirus, a-t-elle ajouté.

Dans une déclaration commune, des dizaines d'Etats ont dénoncé l'impact de la pandémie sur les droits humains et les libertés. Ils ont condamné l'utilisation de celle-ci comme un "prétexte" pour des violations. Toute restriction doit être "non discriminatoire", a dit de son côté la Suisse qui ne s'est pas associée à cet appel conjoint.

Division sur la Birmanie

Le début de la réunion de l'instance onusienne lundi a aussi donné lieu à une discussion sur la Birmanie. Certains, dont la Chine ou la Russie, souhaitent le report de débats prévus sur la situation dans ce pays depuis le coup d'Etat militaire de février dernier, jusqu'à ce que la représentation de cet Etat soit clarifiée par l'Assemblée générale de l'ONU. Cette demande a été combattue par les pays européens et devra encore être discutée.

Cette réunion de l'instance onusienne s'annonce lourde. Pour la première fois, une session de juin se rapprochera d'un mois de travaux.

Parmi les composantes les plus attendues, le rapport de Mme Bachelet sur le racisme systémique et les violences policières sera discuté dans trois semaines. Il aura un impact sur les activités de l'instance onusienne sur cette question, selon la présidente du Conseil, l'ambassadrice des Fidji, Nazhat Shameem Khan. Les Etats devront décider s'ils veulent ou non un suivi.

Autre difficulté, cette session du Conseil des droits de l'homme est à nouveau organisée en ligne, malgré l'amélioration sanitaire. Certains s'en prennent à la Suisse et estiment que la situation ne demande plus de se réunir à distance. Selon la présidente de l'instance onusienne, tous les Etats membres ont pourtant validé le format par consensus.

ATS
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