Le parkour, un destin encore à tracer
Art du déplacement, culture urbaine et sport, le parkour est une discipline en plein essor. A Fribourg, les adeptes ne manquent pas.

Sauter, grimper, virevolter. Mercredi, Cyril Théraulaz s'entraînait au pied du château de Bulle pour sa première compétition de parkour speed, prévue samedi à Montreux. Son objectif sera de parcourir le plus rapidement possible un trajet d'environ 70 mètres ponctué d'obstacles. D'autres "traceurs" - comme on s'appelle dans le milieu - l'ont rejoint place du Cabalet, sous le regard admiratif de quelques badauds. "Quand on a commencé il y a dix ans, il arrivait que les gens se plaignent et appellent la police", explique ce physiothérapeute de 27 ans. "Aujourd'hui, la cohabitation se passe beaucoup mieux."
Né dans la banlieue de Paris dans les années 90 et popularisé grâce au film Yamakasi, le parkour est aujourd'hui une discipline en plein essor. Dans le canton de Fribourg, elle séduit de plus en plus de jeunes, dès 7 ans. "C'est une activité atypique qui enseigne la confiance en soi tout en étant ludique", analyse Sylvain Richoz, responsable de Parkour Sense. Active à Fribourg, Romont, La Tour-de-Trême et Bulle, la principale association de la région compte désormais près de cent élèves, contre une dizaine au moment de sa création, il y a quatre ans. Côté coût, la cotisation annuelle se monte à 480 francs. "Pour les parents, c'est moins cher que certains sports plus traditionnels. L'encadrement par un coach les rassure, aussi."
Autre signe de son succès, le parkour a été intégré en 2017 à la Fédération internationale de gymnastique, qui vise à en promouvoir la pratique auprès du grand public. Une décision qui a divisé l'opinion parmi les traceurs. "Les partisans estiment que ça va permettre de développer des salles et des offres de cours", détaille Cyril Théraulaz. "A l'inverse, d'autres craignent un impact négatif sur les valeurs et les codes du parkour, comme la fraternité, la communauté, la liberté. Personnellement, mon avis se situe à mi-chemin." La faîtière organisera l'an prochain les premiers championnats suisses officiels, dans les disciplines vitesse et freestyle.
Pour l'heure, la professionnalisation des traceurs en tant qu'athlètes reste marginale. Le sponsoring, les contrats de pub ou les spectacles peuvent en revanche rapporter d'importants cachets, selon la Fédération suisse de gymnastique, qui n'articule pas de montant. Les compétitions à venir ainsi que les efforts actuellement menés pour faire du parkour un sport olympique pourraient un jour changer la donne. En attendant, nos interlocuteurs s'attendent à voir fleurir des parkour parks en Suisse, à l'image du récent XTM à Lausanne. L'installation indoor attire été comme hiver les traceurs du pays, dont des Fribourgeois, faute d'infrastructure de ce type dans le canton.