Plusieurs lieux en Suisse menacés par les dangers naturels
De l'Oberland bernois aux Grisons en passant par le Tessin, la montagne est sous surveillance face au risque d'éboulement.

Les cartes interactives des dangers naturels de la Confédération doivent aider à protéger la population contre ce risque et d'autres, dont les inondations. Des systèmes d'alerte précoce ont aussi été mis en place en de nombreux endroits.
"L'éboulement de Randa dans le Mattertal valaisan en 1991 a marqué la naissance de la prévention des dangers naturels en Suisse", a indiqué le géologue et minéralogiste bernois Hans-Rudolf Keusen à Keystone-ATS. Après cette catastrophe, les cantons ont été obligés d'établir des cartes des dangers. Entre-temps, la prévention des dangers en Suisse a beaucoup progressé.
Les zones à risques sont particulièrement nombreuses dans les cantons de montagne. Dans l'Oberland bernois, par exemple, le point chaud actuel se trouve au-dessus de Kandersteg, au Spitze Stein, une zone rocheuse située au Doldenhorn, au sud du lac d'Oeschinen. Plusieurs millions de tonnes de roches y sont en mouvement depuis plusieurs années. Des éboulements se produisent régulièrement.
Différent de Blatten
Contrairement au Lötschental, la zone dangereuse se trouve en dehors de la zone d'habitation et n'est pas non plus située au-dessus d'un glacier. Les spécialistes estiment qu'il est peu probable que les trois paquets de roches instables se détachent tous ensemble. Un scénario avec plusieurs éboulements est considéré comme plus probable. Le ruisseau Oeschibach pourrait alors s'endiguer.
Le Spitze Stein est étroitement surveillé depuis plusieurs années afin que la population puisse être alertée à temps et évacuée si nécessaire. Ces dernières années, d'importantes mesures de protection contre l'eau ont été mises en œuvre sur l'Oeschibach.
Les autorités ont décrété une zone dite de planification sur la zone menacée jusqu'au village. Des restrictions y sont appliquées, notamment en matière de construction.
Versant "le mieux surveillé d'Europe"
Dans les Grisons aussi, des éboulements menacent à certains endroits. Le cas le plus connu se trouve actuellement à Brienz. Les quelque 80 habitants de ce village de la vallée de l'Albula sont évacués depuis novembre en raison du risque d'éboulement.
Toute la montagne qui surplombe le village fait l'objet d'une surveillance intensive depuis des années et est, selon la commune d'Albula, "le versant le mieux surveillé d'Europe".
Au printemps 2023 déjà, environ 1,2 million de mètres cubes d'éboulis se sont détachés et arrêtés juste avant le village. À l'époque également, tous les habitants avaient été évacués à temps.
L'exemple de l'éboulement de Bondo (GR) montre que cela n'est pas toujours possible. Huit personnes avaient perdu la vie en 2017 lorsqu'environ trois millions de mètres cubes de roche s'étaient détachés du Piz Cengalo. La montagne continue de bouger et d'importantes mesures de protection ont été prises dans la vallée.
Un coup d'œil sur la carte interactive des dangers du canton des Grisons montre qu'il existe de nombreuses autres zones présentant un risque important d'éboulement et de chute de pierres, notamment à Thusis, en Engadine près de Pontresina et Samedan, à Susch, Lavin et Zernez, dans le Val Poschiavo, ainsi que le Val Bregaglia et le Val Mesolcina ou près de Coire à Felsberg.
Surveillance aussi au Tessin
Au Tessin, certaines zones à risques sont surveillées, notamment le mont Denti della Vecchia, qui surplombe la vallée de la Capriasca au-dessus de Lugano et dont un pan s'est effondré il y a environ trois semaines.
Une partie du haut Valcolla est aussi surveillée. La route cantonale a été fermée à la circulation en raison d'un risque d'éboulement. En outre, la région de Locarno, avec le val Bavona et le val Maggia, dévastés lors des intempéries de juin 2024, est sous surveillance permanente, a indiqué le Département du territoire.
Selon les autorités, il n'existe pas, dans le canton de Vaud, de zones exposées à un risque d'éboulement conséquent comme celui de Blatten. Le canton ne dispose en effet ni de glacier majeur ni de surface importante de permafrost avec des zones d'habitation en dessous.
De petits éboulements sont toutefois possibles, comme ce fut le cas l'automne et l'hiver passés aux Diablerets. Ils ne représentent pas de menaces directes sur les habitations. Une surveillance est toutefois en place, précise le Département de l'environnement.
Il existe également de nombreuses zones à risques en Valais. Les autorités valaisannes étant pleinement mobilisées sur le terrain pour gérer la situation de crise en cours, elles n'étaient pas en mesure de donner davantage d'informations, ont-elles indiqué à Keystone-ATS.
Glissements de terrain dans les Préalpes
Dans les Préalpes, le risque provient plutôt des glissements de terrain. La situation reste par exemple tendue à Vitznau (LU) où 300'000 mètres cubes de terre et de roche s'étaient effondrés en juin 2024, entraînant l'évacuation de huit fermes environnantes.
Dans le canton de Schwyz, le Rossberg près de Goldau et le Schwarz Stock dans le Muotathal sont surveillés depuis longtemps en raison d'un éventuel risque d'éboulement. Jusqu'à présent, il n'y a aucun signe d'un éventuel événement majeur, selon l'Office cantonal des forêts et de la nature.