L'infidélité, ingrédient inévitable des relations de couple?

Entre la routine du quotidien, la logique du "tout, tout de suite" et la proximité numérique, est-il possible d'esquiver l'adultère?

En 2022, le site de rencontres extraconjugales Ashley Madison enregistrait 197 nouvelles inscriptions sur le canton de Fribourg. (Image d'illustration) © PIXABAY

Le 27 juillet, le populaire site de rencontres extraconjugales Ashley Madison dévoilait les chiffres de ses utilisateurs en Suisse. Même s'ils ne se hissent pas sur le podium, dominé par Genève, Bâle et Zoug, le canton de Fribourg n'est pas en reste avec 197 nouvelles inscriptions sur l'année 2022. 

D'après Jelena Juvet, thérapeute de couple et sexologue, si les raisons qui nous poussent à commettre une infidélité peuvent diverger entre hommes et femmes, on observe néanmoins un composant commun récurrent: l'usure. Que cela fasse six mois, un an ou une décennie, la routine du quotidien peut tôt ou tard finir par contaminer la relation amoureuse. 

"On peut être parent, époux, chef de famille, mais on ne se sent plus amant. C'est cette envie d'être à nouveau désiré, aimé pour ce que l'on est, en tant qu'homme ou femme, qui peut nous pousser à chercher une aventure extra-conjugale," explique la thérapeute. Mais qu'en est-il des couples qui viennent de se former?

La tentation du numérique

Entre le scrolling, les plateformes de vidéo à la demande et le rythme effréné des réseaux sociaux, inutile de rappeler que le "tout, tout de suite" a pris une place gigantesque dans notre vie de tous les jours. Dans ces conditions, patience et frustration seraient donc de plus en plus mal tolérées, même au sein des relations de couple.

Qui plus est, avec des applications comme Facebook, Instagram ou Tinder à portée de main, juste dans notre poche, il n'a jamais été aussi facile de rentrer en contacts avec de parfaits inconnus. Pour Damien*, 43 ans, tout s'est passé sur son smartphone. "J'étais très amoureux. Pourtant, dès que j'étais en déplacement pour le travail ou autre, j'activais les applications bien cachées dans mon téléphone. C'était tellement simple de faire des rencontres de cette façon, qui étaient essentiellement destinées à aboutir sur un rapport sexuel. Ma compagne ne l'a d'ailleurs jamais su."

A contrario, Béatrice*, 25 ans, se souvient du rôle que les réseaux sociaux ont tenu lors de sa rupture. "Il ne voulait jamais m'afficher sur les réseaux, comme si notre histoire était quelque chose qu'il ne fallait pas dévoiler. Un jour, je lui en ai parlé et il a fini par publier une story Instagram nous représentant tous les deux ensemble. Très vite, j'ai reçu un message d'une femme que je ne connaissais pas. Elle m'a dit que mon compagnon n'était pas la personne que je pensais être." En réalité, cela fait plusieurs semaines que son homme vit une aventure avec cette autre femme. Sans attendre, elle le quitte, mais s'ensuivra une puissante dépression. Aujourd'hui, Béatrice* dit s'être reconstruite et est plus alerte face à ces attitudes suspectes.

Vidéo du HuffPost avec la psychothérapeute Esther Perel:

Quid du couple libre?

Face à cette problématique, plusieurs personnes considèrent la relation ouverte comme une potentielle solution. Pas d'interdits, pas de tromperie. Mais les choses sont-elles aussi simples? Marie*, 34 ans, est restée durant cinq ans avec le même homme. Après trois ans de relation, ils prennent la décision d'ouvrir le couple. "On se disait qu'on était jeunes, qu'on était beaux et que ça allait nous aider à contrer l'infidélité et la frustration."

Au départ, le couple s'impose plusieurs règles: ne fréquenter qu'une seule fois la personne, n'avoir que deux ou trois relations extraconjugales par an, ne pas parler à l'autre de ces relations, etc. Mais très vite, la frustration monte chez Marie*. "Je me suis vite rendu compte que dans le concret, la fréquence des rencontres ne dépendait pas du tout de ce que l'on avait organisé. Et comme on ne voulait rien se dire, je finissais par lui mentir lorsque j'allais voir d'autres personnes. Je prétextais que j'allais voir une copine ou que j'avais un apéro après le boulot."

Une situation contraignante qui amène finalement Marie à briser certaines règles fixées. Lorsqu'elle annonce ses écarts à son compagnon, ce dernier le vit comme une véritable tromperie et le couple se sépare. Une fin malheureuse, mais pas inévitable, selon Jelena Juvet. "C'est avant tout une question de communication. Comme dans un couple monogame, les règles que l'on établit doivent toujours être claires, précises et respectueuses des choix des deux partis."

Laisser le romantisme exister

Alors comment faire pour maximiser nos chances de rester fidèles? Pour Jelena Juvet, il est très difficile, sur toute une vie d'amour, d'échapper totalement à la question de l'infidélité. Pourtant, un bouclier bien précis peut nous permettre de mettre toutes les chances de notre côté: le romantisme.

"C'est aberrant de penser que le couple est une chose facile. Je crois au contraire qu'il est très difficile de conserver le romantisme des débuts dans un quotidien parfois très stressant et usant. Il s'agit toutefois de la première impulsion qui pousse les gens à tenter le coup, c'est une nécessité. Une des grandes solutions à mon sens est de mettre en place des instants privilégiés où ce romantisme peut exister, s'exprimer."

Finalement, La thérapeute tient à souligner qu'une infidélité, peu importe sa nature ou la configuration du couple, provoque toujours de la souffrance. Selon elle, à partir du moment où l'on se met en couple, il est fondamental de se demander où commence l'infidélité et le verbaliser. Encore une fois, la meilleure des solutions, c'est la communication. 

*Prénoms d'emprunt

Frapp - Dimitri Faravel
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