Première victoire socialiste en Espagne

La candidate du Parti socialiste espagnol, Francina Armengol, a été élue jeudi présidente du Congrès des députés. Ce succès pour le premier ministre sortant Pedro Sánchez augure bien de ses chances d'être reconduit prochainement à la tête du gouvernement.

L'élection de la présidente du Congrès des députés donne une indication claire sur la possibilité pour Pedro Sánchez (de dos) d'être reconduit dans ses fonctions (archives). © KEYSTONE/AP/Bernat Armangue

Mme Armengol, 52 ans, a recueilli 178 voix, soit deux de plus que la majorité absolue, dont les voix des sept députés du parti représentant le courant le plus dur du nationalisme catalan.

Ce résultat confirme les informations des médias espagnols faisant état d'un accord de dernière heure entre le Parti socialiste (PSOE) et Junts per Catalunya (JxCat, Ensemble pour la Catalogne), le parti dirigé par le leader indépendantiste Carles Puigdemont, exilé en Belgique et recherché par la justice espagnole depuis 2017 et l'échec d'une tentative de sécession de la Catalogne.

Cet accord a permis à Mme Armengol d'obtenir les voix des sept députés de JxCat et d'atteindre ainsi 178 voix. Sans ces sept voix, le Parti socialiste et ses alliés ne disposaient que de 171 voix, soit potentiellement une de moins que le bloc autour du Parti populaire (PP, droite).

Dans la pratique, la candidate du PP, Cuca Gamarra, n'a toutefois recueilli que 139 voix - les 137 députés du PP plus les élus de deux petits partis régionaux. Les 33 députés du parti d'extrême droite Vox ont décidé de voter pour leur propre candidat.

Catalan de retour

JxCat a révélé sur son site peu après le vote que l'accord, conclu aux premières heures de la matinée, comprenait quatre points, le premier étant "la reconnaissance du catalan comme langue officielle de l'Union européenne".

M. Sánchez avait lui-même fait cette proposition mercredi, mettant en avant le fait que l'Espagne occupait la présidence tournante du Conseil de l'UE jusqu'à la fin de l'année et promettant d'utiliser cette position pour obtenir que le catalan, mais aussi le basque et le galicien, deviennent des langues officielles de l'UE.

Dans son premier discours en tant que présidente de l'Assemblée, Mme Armengol a annoncé que le catalan, ainsi que le basque et le galicien, qui ont le statut de langues officielles en Espagne, pourraient désormais être utilisés au Congrès. Il s'agit là du deuxième point de l'accord avec Junts.

Les deux autres points portent sur la création d'une commission d'enquête sur l'attentat jihadiste du 17 août 2017 en Catalogne (il y a six ans jour pour jour) et d'une autre commission d'enquête sur l'espionnage de leaders indépendantistes catalans au moyen du logiciel de fabrication israélienne Pegasus.

Nouvelles tractations

L'accord reste très en deçà des exigences de Junts, qui a deux revendications fondamentales: une amnistie pour toutes les personnes ayant fait l'objet de condamnations pour la tentative de sécession avortée de la Catalogne et un referendum d'autodétermination.

Pour des raisons aussi bien juridiques que politiques, il n'était pas pensable que M. Sánchez accède à ces demandes. M. Puigdemont a donc renoncé à ces exigences pour l'instant, préférant obtenir des gains concrets.

Junts avertit toutefois sur son site que "cet accord se limite" à l'élection de la présidence et des huit membres du bureau de l'Assemblée "et n'a aucun lien avec l'investiture" du prochain premier ministre, qui constituera la bataille principale et nécessitera de nouvelles tractations.

Echec cinglant pour la droite

Malgré cet avertissement, l'horizon de M. Sánchez s'est éclairci jeudi, d'autant que son rival Alberto Núñez Feijóo, leader du Parti populaire (PP, droite), qui revendique lui aussi le poste de premier ministre, a connu un échec cinglant lors de cette session d'ouverture du Parlement.

Sa candidate à la présidence de l'Assemblée, Cuca Gamarra, qui espérait obtenir 172 voix et pensait donc pouvoir l'emporter en cas d'abstention des députés de Junts, n'a finalement recueilli que 139 voix, à savoir celles des 137 députés du PP et des élus de deux petits partis régionaux.

Les 33 députés de Vox, parti d'extrême droite dont dépendait le PP, ont voté pour leur propre candidat.

Cette division illustre les relations tumultueuses, parce que très ambigües, entre le PP, parti de centre-droit, et Vox, une formation ultra idéologiquement proche du premier ministre hongrois Viktor Orban et de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.

ATS
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