Migrants: futurs auxiliaires de santé dans les EMS du canton

Le canton lance un projet pilote pour former des migrants comme auxiliaires de santé, répondant au besoin croissant de personnel dans les EMS.

Les soins de longue durée sont particulièrement touchés par le manque de personnel. © KEYSTONE

Et si les personnes issues de la migration devenaient les auxiliaires de santé de demain ? Le canton lance dès ce mois un projet pilote en ce sens. Une quinzaine de participants seront sélectionnés pour suivre une formation afin de venir renforcer les équipes des EMS du canton.

"Nous faisons face à un besoin croissant de personnel, en particulier d'auxiliaires de santé", a souligné ce lundi le conseiller d'État Philippe Demierre lors d'une conférence de presse qui a eu lieu à la résidence Les Martinets à Villars-sur-Glâne. Les soins de longue durée sont particulièrement touchés, notamment les EMS, en raison du vieillissement de la population.

Les participants seront formés plus particulièrement à l'accompagnement des personnes atteintes de démence. "Jusqu'à maintenant, les personnes touchées se trouvaient surtout dans les unités spécialisées. Mais on voit toujours plus de cas dans les unités générales", regrette Sandra Lambelet Moulin, cheffe de projet Soins infirmiers forts à la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS). "Là, il faut augmenter les compétences des soignants."

Le projet fait donc d'une pierre deux coups : il favorise l'intégration professionnelle de la population migrante et apporte un soutien aux institutions du canton.

Une formation complète

La formation proposera en première partie des cours de français, dans le but d'acquérir un certificat B1, ainsi que des cours d'informatique et de techniques de recherche d'emploi. Les personnes migrantes seront ensuite formées comme auxiliaires de santé par l'ASB Academy à Marly.

Elles auront droit à un cursus adapté par rapport à la formation habituelle. La durée de stage est doublée, passant de 16 à 32 jours au sein d'un EMS. Quatre jours de formation spéciale sur la démence ont également été ajoutés à l'enseignement.

Les participants auront aussi droit à une journée spéciale sur la culture et les traditions suisses. "C'est très important de comprendre ce que les personnes âgées ont vécu, de pouvoir le partager avec elles, comme manger un repas de bénichon ensemble ou revoir les traditions de Noël ou Pâques", explique Christine Moser, directrice de l'ASB Academy pour la Romandie et responsable de la formation.

À la fin des cours, les personnes migrantes passeront un examen qui leur permettra d'avoir un certificat reconnu au niveau fédéral. Les cours commenceront au mois de juin et les participants termineront leur formation à la fin de l'année pour pouvoir être engagés dès 2026. Le projet coûtera environ 170'000 francs et sera financé par le fonds d'intégration de la Confédération.

"Une première pierre à l'édifice"

Le projet se construit depuis cet automne déjà. En plus de l'ASB Academy, la Direction de la santé du canton travaille avec plusieurs partenaires, comme l'Association fribourgeoise des institutions pour personnes âgées et de l'aide et des soins à domicile (AFISA), Caritas, l'ORS, la Croix-Rouge ou encore l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière. Ceux-ci se répartissent les différentes étapes de la formation, de la sélection des participants jusqu'aux cours de français.

Ce projet n'est qu'une "première pierre à l'édifice", a insisté la DSAS lors de la conférence de presse. À l'avenir, le canton aimerait proposer une formation en allemand, "il y a aussi un intérêt de la part des institutions du côté du Lac et de la Singine", explique Sandra Lambelet Moulin, et rendre le projet pérenne.

Et pour les participants, la formation leur ouvrira également la porte vers d'autres passerelles et d'autres certifications. "Beaucoup de personnes issues de la migration ont un intérêt pour les domaines de la santé et du social", souligne Vincent Vandierendounck, responsable du Service Intégration à Caritas.

L'info résumée

Le canton lance un projet pilote pour former des migrants comme auxiliaires de santé, répondant au besoin croissant de personnel dans les EMS.

La formation inclut des cours de français, d'informatique, et des compétences spécifiques pour l'accompagnement des personnes âgées atteintes de démence.

Le projet vise à favoriser l'intégration professionnelle des migrants tout en soutenant les institutions de santé du canton.

Frapp - Mattia Pillonel
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