Public Eye et Greenpeace critiquent la place financière

En marge de la COP27, les ONG estiment que les efforts des banques helvétiques sont encore insuffisants face à l'urgence climatique.

Credit Suisse a fourni plus de la moitié des fonds © KEYSTONE

"Notre pays compte aujourd'hui 245 sociétés actives dans le charbon", pointe l'organisation non gouvernementale (ONG) Public Eye lundi dans un communiqué. Le cumul des émissions liées à l’extraction, au transport et à la transformation en électricité du charbon négocié en Suisse, correspond à quelque 5,4 milliards de tonnes de CO2 rejetées par an dans l'atmosphère, estime l'ONG. Un chiffre supérieur aux émissions annuelles des Etats-Unis.

Selon un récent rapport de Public Eye consacré à cette industrie, les banques suisses ont "prêté 3,15 milliards de dollars US à l'industrie helvétique du charbon" depuis que la Suisse a signé l'Accord de Paris en 2015. La Suisse s'est pourtant engagée à sortir totalement de cette source d'énergie "la plus polluante au monde", rappelle l'ONG.

Banques cantonales visées

Credit Suisse a fourni plus de la moitié des fonds, tandis que les banques cantonales zurichoise, vaudoise et genevoise comptent également parmi les bailleurs. Pourtant, l'actionnariat public de ces dernières "inviterait (...) à davantage de respect envers les engagements politiques de la Confédération", pointe Public Eye.

L'ONG demande dans une pétition au Conseil fédéral et au Parlement de prendre des mesures pour "un abandon complet de ce business climaticide" d’ici à 2030. "Par sa position dominante dans le secteur du charbon, la Suisse dispose d’un levier de politique climatique et d'une responsabilité pour la sécurité énergétique mondiale", note encore Public Eye.

Stratégie suisse "insuffisante"

Dans un communiqué publié lundi en marge de l'ouverture de la COP 27, l'ONG Greenpeace estime de son côté que "la place financière suisse se trouve sur une trajectoire allant jusqu'à 4°C de réchauffement". Elle déplore que, sept ans après l'adoption de l'Accord de Paris, la Suisse "ne dispose toujours pas de directives contraignantes pour réduire les dommages climatiques dont la place financière et la Banque nationale suisse sont responsables".

"Cette situation est suicidaire si l'on considère que la place financière constitue le plus grand levier de la Suisse pour la réalisation des objectifs mondiaux de réduction des émissions", ajoute-t-elle. Plus généralement, Greenpeace estime que la stratégie climatique de la Suisse est "largement insuffisante", à l'instar de celle d'autres pays riches.

ATS
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