Carles Puigdemont arrêté par la police italienne

L' ex-président indépendantiste catalan, en exil depuis 2017 après la tentative de sécession de la Catalogne, a été arrêté jeudi en Italie.

Carles Puigdemont vit en exil en Belgique depuis 2017 après la tentative de sécession de la Catalogne (archives). © KEYSTONE/TI-PRESS/ELIA BIANCHI

M. Puigdemont, 58 ans, poursuivi pour "sédition" et accusé de "détournements de fonds publics", a été appréhendé "à son arrivée en Sardaigne, où il se rendait en tant qu'eurodéputé", a ajouté l'avocat sur Twitter.

"À son arrivée à l'aéroport d'Alghero, il a été arrêté par la police aux frontières italienne. Demain, le président sera présenté aux juges de la cour d'appel de Sassari, qui est compétente pour décider de sa libération ou de son extradition", a précisé son chef de cabinet. M. Puigdemont s'était rendu à Alghero afin de participer à un festival culturel et de s'entretenir avec des élus de l'île italienne, a précisé son chef de cabinet.

Négociations avec la Catalogne

L'arrestation en Italie de M. Puigdemont est survenue une semaine après la reprise des négociations entre le gouvernement espagnol de gauche et l'exécutif régional catalan, dont l'objectif est de trouver une issue à la crise politique en Catalogne.

Le Parlement européen avait levé l'immunité parlementaire de M. Puigdemont et de deux autres eurodéputés indépendantistes le 9 mars à une large majorité (400 voix contre 248), une mesure confirmée le 30 juillet par le tribunal de l'UE. Mais la décision du Parlement européen a fait l'objet d'un recours dont le jugement définitif sur le fond de la part de la justice de l'UE doit être prononcé "à une date ultérieure".

Selon l'interprétation de l'avocat de M. Puigdemont, la décision du Parlement est donc "suspendue".

Le nouveau président régional de la Catalogne, Pere Aragones, un séparatiste, mais de tendance plus modérée que M. Puigdemont, a immédiatement réagi sur Twitter, condamnant "fermement la persécution et cette répression judiciaire". "Assez. L'amnistie est la seule voie. L'autodétermination la seule solution. A tes côtés Carles", a lancé M. Aragones.

"L'arrestation de M. Puigdemont correspond à une procédure judiciaire en cours qui s'applique à tout citoyen de l'UE devant répondre de ses actes devant les tribunaux", a répondu le gouvernement espagnol, ajoutant que M. Puigdemont devait "se soumettre à l'action de la justice comme tout autre citoyen".

Carles Puigdemont n'avait pas bénéficié de la grâce accordée à la fin juin à neuf indépendantistes incarcérés en Espagne. Le gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sánchez souhaite toujours qu'il soit jugé en Espagne.

Exilé pour échapper aux poursuites

Principale figure de la tentative de sécession de la Catalogne de 2017, Carles Puigdemont avait été immédiatement destitué par Madrid. Il s'était alors enfui en Belgique pour échapper à la justice espagnole, qui avait condamné en octobre 2019 à la prison plusieurs anciens membres de son équipe gouvernementale pour sédition.

En mars 2018, Carles Puigdemont avait été arrêté une première fois à la demande de l'Espagne, en Allemagne cette fois. Mais il avait été libéré quelques jours plus tard après l'abandon par la justice allemande de l'accusation de "rébellion" à son encontre.

La tentative de sécession de la Catalogne, en octobre 2017, a été l'une des pires crises vécues par l'Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975. Malgré l'interdiction de la justice, le gouvernement régional présidé par M. Puigdemont avait organisé un référendum d'autodétermination émaillé de violences policières et suivi, quelques semaines plus tard, d'une déclaration d'indépendance mort-née.

Le gouvernement espagnol, alors dirigé par les conservateurs, avait réagi en mettant la région sous tutelle et en arrêtant les principaux dirigeants du mouvement qui n'avaient pas fui à l'étranger.

ATS
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