Quand les appels aux dons font la différence
De plus en plus d’entrepreneurs fribourgeois misent sur les cagnottes participatives pour concrétiser leurs projets ou sauver leur activité.
Une cagnotte pour éviter la fermeture
Pendant la pandémie, Joëlle a quitté son travail dans l’immobilier pour ouvrir l’épicerie de ses rêves. Elle voulait proposer des produits locaux, des fruits frais et entretenir un contact direct avec les petits producteurs. Mais l’année dernière, la hausse des prix et la baisse du pouvoir d’achat ont mis son magasin en péril.
En décembre, elle s’est retrouvée dans une situation critique: "Là, j’étais vraiment au pied du mur parce que j’ai reçu une résiliation de bail et il fallait que je réagisse très vite." Dans l’urgence, elle a contacté l’influenceuse fribourgeoise Mademoiselle Karine. "Le lendemain matin, elle était là et je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’elle ait déjà tout son attirail pour me filmer. La vidéo a été diffusée le soir même et en parallèle de ça, j’ai ouvert une cagnotte, et ça a été la folie."
Le succès est immédiat. "Dès les premières heures, vers minuit, je pleurais derrière mon ordinateur en voyant ce qui était en train de se passer." Le lendemain matin, les appels et messages affluent, et la cagnotte compte déjà presque 10 000 francs de dons. Une semaine plus tard, ce montant a plus que doublé, permettant de payer les loyers en retard. L’épicerie Chana voit alors ses fidèles clients se mobiliser encore davantage, en dévalisant ses rayons. Mais Joëlle veut éviter une nouvelle crise à l’avenir: "Ce que je ne veux pas, c’est que dans six mois je sois de nouveau là. Je ne le ferai pas, parce que mon petit cœur ne résistera pas. Il faut que cette épicerie vive et qu’elle survive, et ça, c’est mon vœu le plus cher."
Un restaurant bâti sur l’enthousiasme de ses clients
À quelques pas de là, un autre projet a bénéficié de la solidarité des Fribourgeois. Giuliano et Maxime ont commencé à réaliser leurs smash burgers il y a deux ans, chez eux, sur leur balcon. Cet automne, ils ont décidé de passer à l’étape supérieure: "On avait besoin de fonds pour commencer les travaux, pour payer le matériel nécessaire à un restaurant. On a vu que le projet de base était déjà très soutenu par nos abonnés sur les réseaux sociaux. Du coup, on s’est dit que c’était l’opportunité de faire participer tout le monde à travers le crowdfunding."
Pour remercier les contributeurs, les deux entrepreneurs ont prévu différentes contreparties: repas, soirées, t-shirts ou encore cours de cuisine. "On voulait aussi qu’il y ait un échange, que ce soit un donnant-donnant, autant pour nous que pour les personnes qui nous donnent un coup de main." Giuliano et Maxime voient également dans ce soutien une source de motivation supplémentaire. "Le fait d’avoir des gens derrière nous qui nous ont soutenus, ça va nous donner aussi la force dans les moments un peu plus difficiles de vouloir aller jusqu’au bout, de continuer."
Grâce à plus de 180 dons, l’ouverture du restaurant Eleventh Floor est prévue pour ce printemps.