Cliniques privées: complémentarité ou concurrence pour l'HFR
A Bulle, la Clinique Moléson ouvre vendredi, à proximité directe du site de l'HFR à Riaz. Le Syndicat des services publics s'inquiète.

A l'horizon 2030, l'Hôpital fribourgeois (HFR) centralisera à Fribourg les urgences graves, tout en maintenant des sites régionaux pour assurer une prise en charge des cas les plus légers. Dans le cadre de cette stratégie, accélérée par la crise du Covid, des réorganisations sont faites.
A l'été 2020, l'établissement annonçait la fin de la réadaptation cardio-vasculaire sur son site de Billens, dans la Glâne, pour la transférer à Meyriez, dans le district du Lac. En septembre de cette année, l'HFR déclarait vouloir quitter définitivement son site glânois à la fin de l'année.
Initiative pour maintenir les sites
En juillet 2020, les sites de Tavel et de Riaz sont visés par des réorganisations. L'Hôpital fribourgeois indiquait que l'activité opératoire allait cesser en Singine, alors que les urgences en Gruyère seront transformées en permanence.
Ces décisions suscitent la colère des citoyens, au point qu'une initiative populaire cantonale a été remise en février 2021 à la Chancellerie d'Etat, pour garantir des urgences hospitalières publiques de proximité, en continu.
Forte demande
Parallèlement, des cliniques privées voient le jour dans le canton. Un groupe bernois lorgne d'ailleurs sur les locaux de l'HFR, a révélé Radio Freiburg. En Gruyère, la Clinique Moléson ouvrira ses portes début octobre. Elle proposera des soins médicaux et chirurgicaux avec trois salles d'opération. Une trentaine de personnes y travailleront.
Qu'en est-il de la concurrence avec le site de Riaz de l'HFR, à moins de 4 kilomètres de cette clinique? "Il peut y avoir une concurrence potentielle, mais uniquement concernant les opérations orthopédiques qui sont aussi proposées à l'hôpital en Gruyère", nous a indiqué l'HFR. "Pour le reste, il s'agit plutôt d'une offre complémentaire."
Le fondateur de la Clinique Moléson, Chokri Lamloum, ophtalmologue à Bulle, se veut plus rassurant. "La concurrence, c'est bien, mais ce n'est pas le but", estime-t-il. "C'est possible que certaines spécialités soient proposées chez nous et à l'HFR, mais la demande est très forte."
Le SSP s'inquiète
Le Syndicat des services publics (SSP) ne voit pas la cohabitation de ces établissements d'un bon oeil. "Cela engendre des patients en moins pour l'hôpital public, qui vont aggraver la crise financière de l'HFR" indique Gaétan Zurkinden, secrétaire régional du SSP. La Clinique Moléson se dit encore prête à faire un pas de plus, en mettant sur pied un partenariat public-privé, et même des salles d'opération à disposition, si besoin.
De son côté, l'HFR nous a indiqué être toujours ouvert à la discussion pour ce type de partenariat. Mais actuellement, sa priorité est le redémarrage et le développement des blocs opératoires de l'HFR Riaz, qui viennent d'être rénovés (lire notre article).
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