Une nouvelle salle pour découvrir les légendes gruériennes

Dès le 27 mai, un espace du château de Gruyères proposera au public de se plonger dans l'univers des contes de la région.

Les visiteurs pourront flâner dans ce décor à 360° dès le 27 mai. © Etienne Francey
Les visiteurs pourront flâner dans ce décor à 360° dès le 27 mai. © Etienne Francey
Les visiteurs pourront flâner dans ce décor à 360° dès le 27 mai. © Etienne Francey
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Chalamala, la Belle Luce ou encore les exploits de Claremboz et Bras de Fer. La nouvelle salle des légendes du château de Gruyères rend hommage à ces personnages stars de l'imaginaire gruérien. Aménagé au premier étage de la grande tour, là où se trouvait jadis la chambre de la Belle Luce, un nouvel espace mutimédia plongé dans la pénombre permettra de découvrir, ou redécouvrir, ces histoires par le son et le dessin, dès le week-end de Pentecôte.

Cette salle est une idée de Filipe Dos Santos, directeur du Château de Gruyères. Lorsqu'il est arrivé dans la région il y a une dizaine d'années, l'engouement de la population pour les contes et les légendes l'a fasciné. "J'ai vraiment réalisé combien ces histoires étaient un pan du patrimoine immatériel de la Gruyère."

Sur les murs arrondis de la pièce, le visiteur aura peut-être l'impression de pousser les portes d'un théâtre d'ombres. Comme s'ils étaient faits de papier découpé, les personnages avancent le long de la paroi, sautillent, apparaissent et disparaissent au gré des changements de tableaux, ne manquant pas de rappeler aux férus de cinéma certains films de Michel Ocelot.

Au sein de la salle, deux petits écrans, avec casques et tabourets à disposition, permettent à celles et ceux qui le souhaitent de se plonger plus intimement dans cinq histoires parmi les plus célèbres de la région.

Une équipe locale de choc

Pour la conception de cette nouvelle salle, Filipe Dos Santo a fait appel à deux cinéastes bien connu des Fribourgeois: Samuel et Frédéric Guillaume. Pour les décors, les réalisateurs ont voulu respecter la réalité du territoire gruérien: architecture de la région, habits d'époque, formes des montagnes, maison de Chalamala, etc. Le but n'étant pas de créer un nouvel univers, mais de rendre hommage à celui dans lequel niche le château. Les cinéastes ont aussi pu compter sur l'illustratrice fribourgeoise Félicie Haymoz. Active à l'international, c'est elle qui a créé le design de tous les personnages. Pour ce faire, l'artiste est allé chercher du côté de Hans Fries, peintre de la région ayant vécu au 15e siècle.

Quant à l'ambiance sonore, elle a été conçue par Mathieu Kyriakidis, compositeur fribourgeois. Plus que la musique médiévale historique, c'est plutôt l'idée que l'on s'en fait dans l'imaginaire collectif, au cinéma ou dans le jeu vidéo, qui l'a inspiré pour concevoir sa partition. Discrète, celle-ci souhaite se mettre au service des histoires et attire l'œil du visiteur sur les personnages entrant en scène ou sur un nouvel élément du décor.

Entre passé et présent

Les cinq histoires présentes dans les boîtes à contes ont été sélectionnées par Michèle Widmer, conteuse et médiatrice culturelle au Château de Gruyères, avant d'être passées à la moulinette de Robert Sandoz, dramaturge et directeur du théâtre du Jura. Habitué à l'adaptation des romans pour le théâtre, le metteur en scène chaux-de-fonnier a souhaité rattacher ces légendes à notre époque. Chaque histoire commence par la voix d'une petite fille d'aujourd'hui demandant à ce qu'on lui raconte une histoire. Celle-ci évoque tour-à-tour une console de jeu vidéo ou une crème de jour, éléments peu présents à l'époque des chevaliers.

Mais cette volonté d'unifier médiéval et contemporain ne s'arrête pas là. Considérée plus comme un objet que comme un vrai personnage dans l'histoire originale, la Belle Luce acquiert par exemple ici un autre statut, une volonté propre. Un choix initial de Robert Sandoz mais partagé et applaudi par l'ensemble de l'équipe. "Ethiquement parlant, l'histoire de la belle Luce telle qu'elle nous a été racontée, ce n'est plus possible", confie Frédéric Guillaume.

Comme le souligne Filipe Dos Santos, les contes ont la capacité de se métamorphoser, d'évoluer et d'ainsi traverser toutes les époques sans jamais se ternir. C'est là leur grand pouvoir.

Frapp - Dimitri Faravel
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