Samuel Patthey: "J'aime l'approche autobiographique"

Les courts métrages d'animation du Fribourgeois cartonnent auprès de prestigieux jurys. Une prochaine œuvre est déjà en projet. Interview.

Samuel Patthey a raflé plusieurs prix pour ses court métrages d'animation, dont un Leopard d'Or. © Frapp

RadioFr: Vous avez remporté un Léopard d'or à Locarno pour votre dernier film d'animation, "Sans voix", également primé récemment au Fantoche de Baden. Et cette fois, il n'y avait pas seulement des films d'animation en compétition, mais tous les court métrages suisses.

Samuel Patthey: Je suis très content. Ce n'est pas souvent qu'un film d'animation remporte le Léopard d'or pour les courts-métrages en Suisse!

"Sans voix" raconte l'histoire d'un jeune homme accro au clubbing et à la musique techno. Où avez-vous trouvé l'inspiration?

C'est un travail très personnel, car c'est un film autobiographique sur le monde de la nuit et ma passion pour la musique techno. Un condensé de 10 ans d'expériences de clubbing, avec un twist à la fin, où le personnage change de vie.

Le personnage croise le regard d'un bébé, qui change tout. Vous aussi, vous êtes devenu papa pendant l'écriture de ce film...

Le film a pris quatre ans à aboutir. Pendant ces quatre années, j'ai rencontré ma femme, puis nous sommes devenus parents de deux enfants, aujourd'hui âgés de trois ans et demi, et un an et demi.

Il y aura une suite, à ce film?

Oui, le film a eu un bon écho auprès des festivals et du public, et je veux continuer cette approche autobiographique. Mon prochain film s'appellera "Vive voix", il racontera la paternité et les enjeux des papas modernes.

En 2020, vous sortez le film "Écorce" qui raconte le quotidien de personnes âgées dans une maison de retraite. Vous êtes allé observer longtemps ces personnes âgées...

Mes deux grands-mamans sont décédées en maison de retraite. J'allais souvent leur rendre visite, et c'est comme ça qu'est née cette volonté de retranscrire la vie dans ces microcosmes un peu isolés du monde, et qui sont pourtant juste à côté de nous. Avec Silvain Monney, qui a co-réalisé le film, on a dessiné pendant une année à la Villa Beausite à Fribourg.

Pourquoi le film d'animation est le meilleur moyen de vous exprimer?

Ma maman est artiste peintre, mon père architecte... j'ai toujours grandi avec un crayon dans la main [...] Pendant mon année préparatoire à la Haute École d'Art et de Design de Lucerne, j'ai découvert l'animation. Ça m'a fasciné parce que je pouvais dessiner, mettre en mouvement, raconter des histoires et rajouter du son. Je suis très content d'avoir fait mon bachelor à Lucerne en animation, qui m'a permis de faire ce premier film "Ecorce" et puis de continuer à vivre de ce métier.

Claude Barras, les frères Guillaume: le film d'animation en Suisse est en train de grandir, vous le voyez comme ça?

J'ai l'impression que les jeunes sont friands d'animation et qu'on commence à démystifier le film d'animation en tant que blockbuster Disney, Pixar, plutôt pour un public familial ou d'enfants. Mais ces films d'animation suisses, je dirais qu'ils sont plutôt adressés aux adultes. Je pense qu'on a gentiment une qualité et une quantité de films d'animation suisse qui est vraiment très intéressante. 

Dok Mobile, une société de production basée à Givisiez, a produit vos films. Vous vouliez faire une oeuvre 100% fribourgeoise?

Pour un premier film, on a eu envie de travailler avec une petite équipe très proche. On avait d'ailleurs commencé une première expérience avec une autre boîte de production qui n'était pas à Fribourg, mais ça s'était mal passé. Ensuite j'ai rencontré Mark Olexa, producteur pour Dok Mobile, qui était fasciné par mon film de Bachelor et qui m'a proposé de produire mon prochain film. Aujourd'hui, je suis très content d'avoir une toute petite équipe que je vois régulièrement, avec qui je peux discuter, avec des personnes que j'apprécie beaucoup. 

"Sans voix" à découvrir le 4 octobre à la nuit du court-métrage

Ecouter l'interview complet:

RadioFr. - Karin Baumgartner / an
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