Soutien financier aux girons de jeunesse: "ça fait du bien!"

Le canton de Fribourg a adopté dix mesures pour venir en aide à la jeunesse. Parmi elles: une aide de 50'000 francs pour les girons en 2022.

Les annulations et reports des girons de jeunesse en 2020 et 2021 ont entraîné des dépenses supplémentaires. © KEYSTONE

"C'est un montant qui fait du bien et qui fait plaisir!" Voilà comment réagit Victor Meier, 28 ans, vice-président du giron de Lussy, dans la Glâne, à l'aide financière proposée par le canton. Ainsi, le canton de Fribourg va verser l'an prochain 50'000 francs aux girons de jeunesse 10'000 francs à chacun des cinq girons, pour les soutenir en cette période de pandémie de covid. La mesure fait partie du plan de soutien à la jeunesse, présenté ce mercredi et doté d'un budget total d'1,7 million de francs d'ici 2023.

"A cause du covid et du report de notre giron deux années de suite, nous devons faire face à des frais supplémentaires imprévus, indique Victor Meier. Par exemple nous rémunérons l'agriculteur qui nous met à disposition son terrain pour que l'on puisse stocker notre tonnelle ou le bar à vins. Nous utilisons aussi des locaux de la commune pour stocker le matériel de jeu ou les décorations." Ces locations sont ainsi prolongées d'une année à l'autre. Mises bout à bout, elles font grimper la facture: ces frais supplémentaires s'élèvent à environ 7'000 francs au moins, estime Dominique Kaech, président du comité d'organisation des girons de la Glâne.

Des consultations psy le week-end

Mais au-delà de l'aspect purement financier, le geste, symbolique, touche les jeunes: "On apprécie que le canton s'inquiète pour nos girons, parce que ce sont des évènements importants pour les jeunes, relève le vice-président du giron de Lussy, Victor Meier. On les prépare, on les attend. A côté de l'aspect purement festif, ces évènements aident à créer des contacts, à s'organiser et font rentrer les jeunes dans la vie active." Pour l'instant, le prochain giron des jeunesses de la Glâne est maintenu. Il est prévu du 13 au 17 juillet 2022.

Les autorités fribourgeoises avaient bien pressenti que ce soutien aux girons allait satisfaire une bonne partie des Fribourgeois: "Le soutien aux girons est une mesure coup de poing. Une mesure claire, concrète, et qui parle symboliquement à la population", avait déclaré ce mercredi François Genoud, président du comité de pilotage de ce projet de soutien à la jeunesse, devant la presse.

Un plan "qui vient en complément des mesures urgentes déjà prises pour les jeunes au début de la pandémie et qui vise à instaurer des mesures tenables sur long-terme". Il prévoit aussi de soutenir le travail social de rue dans le canton, de renforcer les accompagnements socioéducatifs menés par REPER et d'améliorer la prise en charge des jeunes en termes de santé mentale. Ainsi, grâce à une enveloppe de 200'000 francs par an débloquée jusqu'en 2023, deux postes (quasiment deux équivalents plein temps) seront créés au sein de l'unité mobile d'intervention PsyMobile, cette unité de soins psychiatriques, destinée aux jeunes, qui se déplace à domicile, à l'école ou dans les foyers.

Détresse qui s'accentue

Cette dotation supplémentaire permettra à cette unité mobile d'être également accessible les week-end et les jours fériés. Une mesure saluée par les médecins: "Jusqu'ici, pendant les week-end, seules les urgences en pédiatrie ou en médecine à l'HFR étaient ouvertes aux jeunes. Ils étaient vus par des médecins de piquet, qui ne sont pas forcément au courant de leur histoire, ce n'était pas idéal", explique Laurent Holzer, directeur du secteur de psychiatrie pour enfants et adolescents du Réseau fribourgeois de santé mentale (RFSM).

Alors pouvoir offrir ces consultations le week-end et les jours fériés constitue selon lui une aide "précieuse pour les jeunes en situation critique, qui améliore la qualité des soins et permet de diminuer le nombre d'hospitalisations". Cela permet ainsi de répondre à la demande qui a fortement augmenté, surtout depuis l'automne 2020: la demande de consultation psychologiques ou psychiatriques a ainsi grimpé de 50% en 2021 par rapport aux années précédentes.

Une demande en hausse à Fribourg, comme dans d'autres cantons. Vaud a récemment adopté un plan à cinq millions de francs pour limiter l'impact de la pandémie sur les jeunes et les enfants. Les cantons répondent ainsi à un véritable besoin: une étude menée par l'université de Bâle l'an passé révélait par exemple qu'en Suisse, 29% des jeunes âgées de 14 à 24 ans souffraient de symptômes dépressifs graves. Des situations de détresse qui pouvaient déjà exister avant, mais que la pandémie de covid a accentuées: fermeture des lieux de loisirs, enseignement à distance, restrictions des possibilités de se rassembler en grand groupe ou encore incertitudes par rapport à l'avenir.

Une meilleure insertion professionnelle

Un élément que le canton de Fribourg a également pris en compte dans son plan de soutien à la jeunesse présenté ce mercredi. Il va élargir l'initiative "O-Max", qui instaure un suivi personnalisé pour les élèves des CO en difficulté, pour faciliter leur orientation professionnelle. Un projet pilote est actuellement en cours dans trois CO (Belluard à Fribourg, Bulle et Châtel-Saint-Denis), avec des élèves de 11H.

L'idée est donc d'embaucher du personnel supplémentaire pour proposer un suivi personnalisé dans d'autres cycles d'orientation. "D'autres CO pourront ainsi bénéficier de cette mesure jusqu'en 2024, notamment des établissements alémaniques, mais on ne sait pas précisément combien pour l'instant", indique Thomas Di Falco, chef de service de l'orientation professionnelle du canton.

Cela faisait plusieurs mois qu'il attendait que le canton étende cette mesure, il est donc satisfait: "A la fin de la 11H, on a des élèves qui se trouvent sans solution pour leur orientation professionnelle. C'est important de pouvoir les accompagner pour qu'ils décrochent des places de stage ou d'apprentissage afin qu'ils puissent découvrir des métiers différents." Un suivi personnalisé qui, aujourd'hui, ne peut pas être réalisé par les conseillers en orientation, qui gèrent environ 800 élèves chacun à Fribourg.

RadioFr. - Maëlle Robert
...