Tcherniguiv "bombardée toute la nuit"

La ville de Tcherniguiv, au nord de l'Ukraine, a été bombardée "toute la nuit", a annoncé le gouverneur régional, malgré l'annonce par Moscou d'une réduction de son activité militaire. La Russie a annoncé dans ce contexte un ordre mondial plus "juste" avec Pékin.

Soldat ukrainien dans une tranchée au nord de Kiev © KEYSTONE/AP/Vadim Ghirda

"Tcherniguiv a été bombardée toute la nuit", a annoncé mercredi sur Telegram Viatcheslav Tchaous, précisant que des infrastructures civiles avaient été détruites et que la ville se trouvait toujours sans eau ni électricité.

Cette ville, qui comptait 280'000 habitants avant la guerre, est "sans communications et on ne peut plus les réparer", a-t-il ajouté à la télévision, évoquant également des frappes sur Nijyne, dans la même région.

La Russie avait promis mardi de réduire "radicalement" ses opérations militaires en direction de Kiev et Tcherniguiv, après des pourparlers russo-ukrainiens "substantiels" à Istanbul.

Plus de 350 morts

"La situation ne change pas, Tcherniguiv fait l'objet de bombardements d'artillerie et aériens", a indiqué M. Tchaous. Après Marioupol dans le sud, Tcherniguiv est la ville la plus durement frappée par les bombardements depuis le début de l'agression lancée par Moscou le 24 février.

Le maire de la ville, Vladyslav Atrochenko, a indiqué mardi que 350 personnes avaient été tuées à Tcherniguiv depuis plus d'un mois et plus de 400 autres blessées, la plupart d'entre eux étant des civils.

Missiles aussi sur Kiev

"Pour le moment, on ne peut malheureusement pas constater que les Russes baissent l'intensité des hostilités en direction de Kiev et de Tcherniguiv", a confirmé mercredi Vadym Denysenko, conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur.

A Kiev, la capitale, plusieurs missiles ont été abattus dans la nuit de mardi à mercredi par la défense anti-aérienne, a-t-il précisé, cité par l'agence Interfax-Ukraine.

"Certaines unités et équipements (russes) sortent en direction du territoire bélarusse. Cela ressemble à des rotations (...), plus qu'à une véritable pause dans les hostilités", a estimé le responsable.

Un ordre mondial plus "juste"

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé mercredi dans ce contexte un ordre mondial plus "juste" en partenariat avec la Chine, lors de sa première visite dans ce pays depuis l'invasion de l'Ukraine.

"Nous vivons une étape très sérieuse dans l'histoire des relations internationales", a déclaré le chef de la diplomatie du Kremlin, au début d'un entretien bilatéral avec son homologue chinois, Wang Yi.

"Je suis convaincu qu'à l'issue de cette étape, la situation internationale sera nettement plus claire, et que nous, ensemble avec vous, et avec nos partisans, nous dirigerons vers un ordre mondial multipolaire, juste, démocratique", a-t-il lancé au ministre chinois.

Pékin dénonce les sanctions

Pékin, qui partage avec Moscou une hostilité affichée envers les Etats-Unis, s'est depuis le 24 février refusé à condamner l'invasion russe de l'Ukraine, préférant dénoncer les sanctions occidentales contre la Russie.

Début mars, Wang Yi a même salué une amitié "solide comme un roc" avec Moscou, et défendu les préoccupations "raisonnables" de la Russie pour sa sécurité.

Quelques semaines avant la guerre en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine avait été chaleureusement reçu par son homologue chinois Xi Jinping à Pékin. Les deux pays avaient alors célébré une amitié "sans limites" et dénoncé "l'extension" de l'Otan.

4 millions de réfugiés

Le nombre de réfugiés ukrainiens qui ont fui leur pays depuis l'invasion par l'armée russe le 24 février a franchi mercredi la barre symbolique des 4 millions de personnes, selon les chiffres du Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

L'Europe n'a pas connu de tels flots de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Grandi en Ukraine

Filippo Grandi, patron du HCR, vient d'arriver en Ukraine. "A Lviv je vais m'entretenir avec les autorités, l'ONU et d'autres partenaires pour voir comment augmenter notre soutien pour les gens affectés et déplacés par cette guerre insensée", a souligné M. Grandi dans un tweet.

Au total, 4'019'287 Ukrainiens -essentiellement des femmes et des enfants- ont quitté le pays pour fuir la guerre déclenchée par la Russie, selon le chiffre actualisé du site dédié du HCR. Le nombre de réfugié dépasse désormais la projection initiale faite par le HCR au début de la guerre.

La Pologne accueille à elle seule plus de 2,3 millions de ces personnes. L'ONU estime à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l'intérieur du pays.

ATS
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