"Une douleur qui m'a fait tomber par terre"
Matthieu Santos a eu un cancer des testicules en 2021. Il revient sur cette expérience qui l'a bouleversé.
"Ça a commencé par des petites douleurs au niveau des testicules", se souvient Matthieu Santos. "C'était plutôt dérangeant, pénible." Son médecin lui dit de ne pas paniquer, et lui donne un bon pour un ultrason chez un urologue. Mais il n'aura pas le temps de l'utiliser. "Une nuit, vers 5h du matin, je me lève et je vais à mon bureau. Après 20 minutes, je ressens une douleur intense aux testicules. Une douleur qui m'a fait tomber par terre. Je ne pouvais plus parler, je ne pouvais plus bouger, je tremblais."
En décembre 2021, après cet incident, Matthieu Santos finit aux urgences de l'hôpital de Fribourg. Quelques jours plus tard, il se fera diagnostiquer un cancer du testicule. À l'occasion de "Movembre", un mois dédié à la sensibilisation sur cette maladie ainsi que sur le cancer de la prostate, il a accepté de témoigner.
Un coup pour le mental
Aux urgences, on le prend en charge immédiatement. On lui donne de la morphine pour la douleur. Il se souvient d'une certaine solidarité masculine avec les docteurs et les infirmiers, qui compatissaient à ses douleurs. Puis, il passe par tous les tests: ultrason, radio, scanner… Au fil de la matinée, il commence à comprendre que le diagnostic ne sera probablement pas bon. Les médecins parlent de trois possibilités, une torsion du testicule, une nécrose ou alors un cancer.
On lui conseille d'aller voir l'urologue le plus rapidement possible. Celui-ci lui diagnostique le cancer. Un choc. "C'est un coup violent pour le mental. Dans ma tête, cancer était égal à mort. J'étais au centre-ville de Fribourg, j'essayais d'appeler ma famille et mes amis, mais c'était en plein pendant une panne de réseaux" se remémore le Fribourgeois. Un moment d'angoisse.
Le cancer des testicules est très rare. Il touche environ 400 personnes par année en Suisse, et représente entre 1 et 2% de toutes les maladies cancéreuses chez l'homme. Matthieu se fera opérer une semaine après son diagnostic. Mais avant de passer sous le bistouri, il y a une ou deux choses à régler. "J'ai fait congeler mes spermatozoïdes au préalable, au cas où je voudrais avoir des enfants. Ce n'est pas forcément nécessaire, mais on me l'a conseillé pour être sûr."
Heureusement, l'opération se passe bien pour le Fribourgeois. Les chances de guérison pour le cancer des testicules sont en général très bonnes, au-delà de 95%. "Même la plupart des hommes avec un cancer des testicules en stade avancé/métastatique peuvent être guéris", souligne le docteur Marc Küng, oncologue et directeur du Centre de la prostate Fribourg. C'est après l'opération que ça a été plus compliqué pour Matthieu Santos.
L'angoisse des contrôles
Il doit alors faire une biopsie sur le testicule restant, qui provoque une importante inflammation, en plein durant les fêtes de fin d'année. Mais bonne nouvelle, Matthieu Santos n'a pas de métastase et n'a pas besoin de faire de chimiothérapie. Par contre, il doit se faire contrôler régulièrement. Tous les deux mois pendant deux ans, puis un contrôle annuel durant dix ans.
Il y a peu de risque que la maladie revienne, mais ces tests réguliers pèsent sur le moral. "C'est un suivi assez lourd. Il y a toujours un gros stress, une énorme peur. On va à l'hôpital avec la boule au ventre." Puis, petit à petit, les tests s'espacent, et l'angoisse diminue.
"Tâtez-vous"
Aujourd'hui, Matthieu Santos se sent chanceux. Sa résilience, la qualité de sa prise en charge médicale et son entourage l'ont beaucoup aidé. "Des gens ont des cancers bien plus violents, et n'ont pas toujours la chance d'être accompagnés comme je l'ai été."
De cette expérience, il retient la fulgurance de la maladie, et l'importance de se contrôler. "Pour les hommes, tâtez-vous", insiste le jeune Fribourgeois. "Et demandez aussi l'avis de votre compagnon ou votre compagne. Comme pour le cancer du sein, ce sont souvent eux qui remarquent en premier que quelque chose ne va pas."
Il déplore également le tabou autour de ces cancers qui touchent les parties intimes. Ce cancer touche beaucoup les jeunes hommes. "Il s'agit de la forme la plus fréquente de cancer chez le jeune homme, environ 80% des cas sont diagnostiqués chez les hommes âgés de 18 à 40 ans", explique le docteur Marc Küng.
"Pour ma part, j'ai dû attendre le recrutement avant de faire mon premier contrôle", précise Matthieu Santos. "Et là, le médecin s'est excusé, donc on sent une gêne même chez les professionnels. Mais on ne doit pas avoir honte. C'est un cancer, il faut en parler."
Comment se tâter les testicules: